Les entreprises au chevet de Notre-Dame

Fragilisée par le temps et l’humidité, la célèbre église Notre-Dame-la-Grande de Poitiers doit être rénovée en profondeur. Une urgence notamment pour les décors peints qui, sans intervention, pourraient s’effacer dans quelques années.

Eva Proust

Le7.info

Site touristique incontournable et cher aux Poitevins, l’église Notre-Dame-la-Grande devrait fermer au public en septembre 2024 pendant deux à trois ans, le temps de réaliser des travaux d’ampleur. Elle présente des fissures et des infiltrations d’eau qui fragilisent la pierre et abîment les peintures de la nef.
Pour lever les fonds nécessaires, la mairie de Poitiers prospecte à la recherche d’entreprises ou d’institutions acceptant d’être mécènes-ambassadeurs. Les premiers à avoir répondu à l’appel sont les Mutuelles de Poitiers. Stéphane Désert, directeur général, perçoit cet engagement comme une « responsabilité sociale et environnementale » vis-à-vis de cet édifice du XIe siècle « qui contribue à l’attractivité de Poitiers ». En tant que mécène de la première heure, les Mutuelles endossent également le rôle d’ambassadeur auprès des entreprises locales. Une réunion de levées de fonds avec les acteurs du territoire aura lieu le 13 novembre, à l'occasion d'une soirée de soutien des entreprises.
« La rénovation complète est estimée à 6,5M€, avance Clémence Pourroy, conseillère municipale déléguée au Patrimoine historique. C’est une aide d’urgence pour sauver au plus vite les fresques de la nef. » 
Les étapes suivantes seront l’assainissement du bâti, puis la restauration de la nef et des parties orientales. La Ville va verser 2,5M€ au titre des Monuments historiques. Le reste est donc à aller chercher auprès de différents mécènes, en plus des participations de l’État et de la Région qui restent à définir.

Des architectes spécialistes des monuments

Notre-Dame a déjà gagné le cœur de la Fondation du Patrimoine cette année parmi sept autres lauréats. 250 000€ du Fonds Impact ont ainsi pu bénéficier à l’église pour la restauration de sa voûte. Et le chantier commence déjà par une minutieuse prospection de l’édifice. Il a été confié au cabinet 1090 Architectes, basé à Paris, avec une expérience dans les rénovations de monuments historiques. « On m’a promis un effet wahou! », 
s’amuse le père Genty, curé de la paroisse, à l’attention des deux architectes du cabinet en cours de planification du chantier. Un travail de longue haleine puisque la dernière rénovation de Notre-Dame date des années 1940.
« Les polychromies fatiguent, des morceaux d’enduit chutent du plafond et on voit des taches d’humidité. L’idée est de retenir une seule technique à appliquer à l’ensemble des peintures pour avoir un résultat homogène », exposent les architectes Thomas Gaudig et Guillaume Moine, « confiants sur la réussite de cette restauration », tout en étant « contraints par le financement à disposition ». Une souscription publique sera lancée dans les prochains mois auprès de ceux qui souhaitent contribuer à la sauvegarde du monument. Le temps de la fermeture, certaines œuvres de Notre-Dame seront transférées dans la cathédrale pour que les visiteurs puissent toujours admirer une part de ce monument unique en Europe.

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