Le début de la faim sera diffusé sur France 2 ce mercredi à 22h50, dans l’émission Infrarouge. La réalisatrice Ketty Rios Palma l’a tourné dans l’épicerie sociale et solidaire de Cap Sud,
à Poitiers.
Pourquoi avez-vous choisi d’aborder le thème de la précarité alimentaire ?
« Quand nous avons discuté Olivier Wlodarczyck, le producteur, et moi de notre envie de réaliser un film sur la précarité alimentaire, la Covid-19 était entrée dans notre vie depuis un an. Nous étions choqués de voir des files d’attente (pour se nourrir) se former et grossir. Dans ma jeunesse, j’ai été également marquée par la chanson des Restos du Cœur. « Demain, nos noms grossiront peut-être la liste », annonçaient-ils. Alors, nous voulions que chaque bénéficiaire soit regardé avec la dignité qu’il mérite, mettre des visages derrière cette violence sourde, la personnifier. »
L’épicerie de Cap Sud, à Poitiers, s’est imposée
d’elle-même ?
« Nous voulions tourner dans une ville moyenne, non loin de Paris, où l’on n’imagine pas rencontrer cette précarité. J’avais besoin de me poser dans un lieu commun à toutes les personnes qui témoignent. »
Quel est le profil des bénéficiaires que vous avez suivis ?
« L’insécurité alimentaire touche plusieurs catégories sociales : travailleurs, précaires, retraités, chômeurs, familles monoparentales. Ils choisissent de payer leurs factures plutôt que d’avoir une assiette remplie. Ils n’ont pas accès à une alimentation qualitative, quantitative et nutritive. Bien manger est devenu un luxe. Dans le film, des mamans ne peuvent pas offrir un goûter à leurs enfants. Cette réalité, beaucoup de personnes habituées aux épiceries solidaires la connaissent de nos jours. »
A-t-il été facile d’entrer
en contact avec les
bénéficiaires ?
« J’ai sollicité plusieurs centres communaux d’action sociale. Celui de Poitiers m’a répondu rapidement. Les responsables ont été touchés par ma démarche. Ils m’ont alors envoyé une liste de toutes les épiceries sociales et solidaires de Poitiers dont celle de Cap Sud, dans le quartier de Bellejouanne. Chloé Puygrenier, sa coordinatrice, m’a donné son aval pour entendre et rendre visibles les invisibles de la précarité alimentaire. Je m’y suis donc rendue en mars 2022 pour nourrir l’écriture du film. J’ai eu le temps de nouer un lien avant que la question du droit à l’image ne se pose. Nous avons tourné de septembre 2022 à février 2023. Comme les clients avaient confiance en l’épicerie, ils n’ont pas été méfiants envers l’équipe de tournage. Dans ce lieu, j’ai trouvé une humanité rare et précieuse. Chacun s’y sent reconnu, considéré, un peu délesté de la honte liée au besoin accablant de la nourriture. »
Le début de la faim, ce
mercredi, à 22h50 dans l’émission Infrarouge, sur France 2.
Durée : 55 minutes.