L’hyperémèse gravidique, cette inconnue

Le chemin est encore long pour que l’hyperémèse gravidique soit pleinement reconnue comme une maladie et que les femmes qui en souffrent soient correctement accompagnées. Elle est pourtant la première cause d’hospitalisation dans le premier trimestre de grossesse.

Claire Brugier

Le7.info

En France, entre 0,3% et 2% des femmes en souffriraient pendant leur grossesse, soit environ 10 000 femmes chaque année. Le chiffre est imprécis. Selon Audrey Tranchant, présidente de l’Association de lutte contre l’hyperémèse gravidique, il est surtout « très sous-évalué ». Et pour cause ! Il a fallu attendre… 2022 pour que le Collège national des gynécologues et obstétriciens français se penche sur la prise en charge de cette pathologie. L’association, elle, est née dès 2017, sous l’impulsion d’Audrey et de trois autres jeunes mamans victimes pendant leur grossesse de ces nausées et vomissements incoercibles qui ont mis leur santé en danger. « Nous avions toutes souffert de cette maladie, nous avions toutes cherché des réponses sur Internet, nous nous étions toute heurtées à la méconnaissance du personnel médical, résume la Poitevine. L’association a pour objectif d’informer les femmes, le grand public et les personnels de santé, mais aussi de faire évoluer les pratiques et la prise en charge, et pourquoi pas d’engager la recherche. » Car l’hyperémèse gravidique a beau être « la première cause d’hospitalisation au premier trimestre de grossesse », la littérature médicale reste maigre, essentiellement américaine. Selon de récentes études, le gène GDF15 prédisposerait au développement de la maladie, identifiée à travers une déshydratation sévère, un test PUQE supérieur à 7 (impact sur la vie quotidienne de la mère) ou une perte de poids supérieure à 5%.

Une maladie invisibilisée

Difficile de s’entendre dire pendant neuf mois que les nausées et les vomissements continus sont des symptômes normaux de la grossesse, que ça va passer… « L’hyperémèse gravidique n’a pas de cause psychique, assène Audrey. Mais elle a de grosses conséquences psychologiques. » Comme d’autres maladies exclusivement féminines, telles que l’endométriose, « elle a été invisibilisée. Peut-être aussi parce qu’il est toujours tabou de dire que l’on vit mal sa grossesse, avance Audrey. Personnellement, je pouvais vomir jusqu’à cent fois par jour ! » 
Anastasia Chevrier, l’une des ambassadrices de l’association, a connu ce calvaire l’an dernier, lors de sa deuxième grossesse. « Très tôt j’ai été malade, je vomissais beaucoup, mais surtout en position couchée, la nuit, ce qui au début me permettait de m’alimenter un peu. J’ai perdu 5kg, ma sage-femme me disait qu’il fallait que je mange pour le bébé. On m’a laissée à la dérive, raconte la jeune maman. A -10kg, j’ai été hospitalisée dans un état de déshydratation sévère. J’ai passé le dernier trimestre de ma grossesse perfusée à domicile. » Le jour J, la jeune maman était à -12kg. Son fils, très tonique, pesait plus de 3,2kg. A l’heure actuelle, rappelle Audrey, « un seul traitement pour la femme enceinte dans le cadre de nausées et vomissements, à base de doxylamine (antihistaminique) et de pyridoxine (vitamine B6), a obtenu une autorisation de mise sur le marché »

Association de lutte contre l’hyperémèse gravidique. Contact :
associationhg.fr (plateforme téléphonique sur rendez-vous), Facebook, Instagram, TikTok.

À lire aussi ...