A Poitiers, le « quartier » du Pâtis fête ses 20 ans cette année et continue de voir la vie en vert, fidèle à son projet initial d’aménagement. Seul regret d’habitantes qui l’ont vu grandir : il n’est toujours pas un quartier à part entière.
Sur le plan du Pâtis, la pastille « vous êtes ici » n’est pas au bon endroit. Les trois voisines de la rue du Briandon sourient de ce détail. Murielle Jullien, Murielle Ollivier et Isabelle Fidel ne craignent pas de se perdre. Ce « quartier » de Poitiers qui n’en est pas vraiment un, elles l’ont vu grandir. Vingt ans déjà !
Seul bémol : « On dépend de Beaulieu, on n’a pas d’âme », déplore la première. « On y vit vraiment bien mais c’est un village auquel il manque un cœur de vie, avec un tabac-presse, un café… », complète la deuxième. Malgré ses quelque 700 logements pour plus de 3 000 habitants et ses deux zones d’activités, l’une autour du Biopôle et la seconde plus commerciale (supermarché, boulangerie, salle de sport, McDonald’s…), le Pâtis n’a jamais été envisagé comme un quartier à part entière.
D’abord rattaché à la Gibauderie, puis à Beaulieu à partir de 2009, ce vaste lotissement, initialement baptisé L’Orée verte, avait pour vocation de « mettre en valeur l’entrée de ville, en interface avec ce qui l’entourait, principalement le CHU et le campus universitaire », se souvient Caroline Maury, chargée de projets urbains. Fait plutôt rare à l’époque, l’agglo avait confié son aménagement à un opérateur privé, Nexity Foncier Conseil. Le cahier des charges affichait des préoccupations environnementales nouvelles. « Le projet devait favoriser les modes de déplacement doux, à l’intérieur du lotissement et à l’extérieur, notamment vers le campus. » Le bassin d’orage, comblé depuis plusieurs années, avait été conçu pour s’intégrer dans l’environnement. Moins profond grâce à la présence de noues (larges fossés), il n’était pas clôturé.
Une mixité organisée
Aujourd’hui, le Pâtis présente toujours un visage verdoyant. Des haies continuent d’habiller les clôtures des pavillons. Et si « à l’origine, chaque rue avait une couleur d’arbustes », se rappelle Murielle Jullien, elles restent arborées… Quant à la population, les riveraines de la rue du Briandon apprécient sa mixité. « Une mixité recherchée dès le début, confirme Caroline Maury, avec un faible taux de logements sociaux (10%), mais aussi, ce qui était assez novateur, des parcelles à bâtir relativement petites -entre 200 et 300m2- et le plus possible de maisons mitoyennes, ce qui a un vrai intérêt énergétique. » De petits immeubles collectifs complètent l’habitat de ce secteur
« très calme » remarque Wahiba, qui a quitté le Pont-Neuf pour s’y installer fin 2021. N’ayant pas de voiture, la jeune maman y apprécie la proximité des bus.
Alors bien sûr il y a « le sentier des crottes », toujours pas de boîte à livres, parfois une vitesse excessive en zone 30 ou
des nuits étudiantes un peu bruyantes mais, vingt ans plus tard, « le bonheur est presque dans le quartier, résume Murielle Jullien. Le Pâtis, c’est le Beverly Hills de Beaulieu. »