Mariage pour tous : 
10 ans d’amour

Le 23 mai 2013, la loi sur le mariage pour tous était définitivement adoptée. Près de dix ans plus tard, cette égalité ne fait plus du tout débat et se revendique même. Illustration dans la Vienne.

Le7.info

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A jamais les premiers. Installés depuis plus de quinze ans à La Bussière, petite commune de 321 âmes située à l’Est du département, Bernard et Johny sont les premiers mariés gays de la Vienne. La cérémonie a eu lieu le 6 juillet 2013, deux mois après la promulgation de la loi sur le mariage pour tous. 
« C’était pour l’avenir des gays », 
raconte Bernard, toujours prêt à témoigner de cette date marquante à plus d’un titre. Historique.


Ce même mois de juillet 2013, Cyril Cibert célébrait le premier mariage homosexuel de Châtellerault, en sa qualité de conseiller municipal (PS). « J’ai ensuite été invité à faire des discours à d’autres mariages dans le département, se souvient l’élu gay, qui avait milité à l’époque en faveur du projet de loi et a lancé l’an dernier les Fiertés rurales, à Chenevelles(*). Le vote à l’Assemblée a été une joie immense, j’étais extrêmement ému de voir qu’on arrivait enfin à l’égalité. » Le souvenir est un peu plus « ambivalent » pour Emil. « Durant les débats, il y a eu une libération de la parole homophobe. C’était une période clairement éprouvante, qui laisse des traces, confie le trentenaire. Mais il y a aussi eu des manifestations en faveur du mariage pour tous. »


« On a le droit 
de faire famille »

Depuis, un peu plus de 350 unions entre personnes de même sexe ont été célébrées dans la Vienne, selon les derniers chiffres de l’Insee. Le sexologue poitevin Philippe Arlin, marié à Hubert, observe que le mariage entre deux personnes du même sexe « est aujourd’hui majoritairement entré dans les mœurs ». Il a notamment permis à la communauté LGBT d’avoir les mêmes droits que les couples hétérosexuels, en cas de décès de l’un des conjoints par exemple. « Au quotidien, rien n’a changé, mais c’est comme si quelque chose pesait moins lourd sur nous. » 


Pour Emil et Yo, pères de trois enfants nés par une GPA, « être parent homosexuel est un coming-out permanent ». « Après le mariage, on se savait attendu au tournant, comme si on avait moins le droit à l’erreur. » Pour lever les fantasmes à ce sujet, Emil a créé en 2016 la chaîne Chez Papa Papou, sur YouTube, où il raconte son quotidien de père gay et va à la rencontre d’autres familles homoparentales. « J’étais parti du constat qu’il y avait peu de ressources sur cette question en France. C’est une manière de reprendre une parole qui nous était confisquée et de donner de l’espoir à toute la communauté LGBT qui peut être tentée de s’auto-censurer, explique le membre du Collectif Famille.s, à l’origine de la Family Pride Festival. Mais aujourd’hui, on ne peut plus nous contester le droit de faire famille. »


Bernard revendique lui aussi cette « normalité » : « On est comme tout le monde, j’ai des enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants, des chiens et un cheval ! » 
Le septuagénaire ne cache pas essuyer encore parfois des remarques désobligeantes. « Ce ne sont pas les plus âgés qui nous insultent, loin de là ! » 
En revanche, la communauté LGBT de la Vienne goûte peu les récents « retournements de vestes » de politiques autrefois farouchement opposés au mariage pour tous. « Ils voient 2027 arriver, on n’est pas naïf », 
se désole Cyril Cibert. Le mot de la fin est pour Bernard, philosophe : « Aimer c’est donner de l’amour dans n’importe quel moment, à n’importe qui. On ne choisit pas alors aimez-vous et vivez votre vie. »


(*)La 2e édition se déroulera 
le 29 juillet.


DR

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