
Aujourd'hui
Certes, on ne peut pas encore traverser le Clain à pied aux abords du Pont-Joubert, mais une chose est sûre : la sécheresse frappe la Vienne à un niveau rarement observé. Il n’a pas plu une goutte sur le département entre le 21 janvier et le 20 février 2023. Après un été 2022 particulièrement sec, le déficit en eau ne s’est pas résorbé au cours des mois suivants. Loin de là. « On n’a pas eu d’hiver météorologique, constate Pascale Pin, secrétaire générale de la préfecture. Il faudrait 110mm de pluie en mars pour recharger les nappes phréatiques, or les normales sur cette période sont plutôt de 50mm. » Et rien ne dit qu’on les aura même si des précipitations sont annoncées à partir de ce mercredi.
Le préfet, qui pilote la politique de l’eau dans la Vienne, a réuni vendredi pendant plus de quatre heures tous les usagers de l’eau, agriculteurs en tête, ainsi que les producteurs d’eau potable Eaux de Vienne et Grand Poitiers. Les quatre députés étaient également présents à ce « comité ressources en eau », en charge cette fois de gérer la pénurie. Il a été acté l’entrée en vigueur dès cette semaine de l’arrêté cadre prévoyant les mesures de restriction des usages selon les niveaux d’alerte (vigilance, alerte, alerte renforcée, crise). C’est un mois plus tôt que l’année dernière. « Considérant les circonstances exceptionnelles, la Vienne s’engage progressivement dans une gestion anticipée pour éviter une rupture brutale des usages », poursuit Pascale Pin.
Si les discussions ont été si longues, c’est que l’impact économique de la sécheresse va se révéler important. Les mesures précises par bassin seront connues dans les prochaines heures. Aucune coupure d’eau au robinet n’est à craindre actuellement. En revanche, les citoyens sont appelés à la sobriété. Le département devrait être placé en seuil de « vigilance », hormis la zone de Sommières-du-Clain au sud et de la Dive du nord. Le ministre de l’Environnement Christophe Béchu a invité les préfets dès la semaine dernière à « ne pas avoir la main qui tremble pour prendre des arrêtés », se disant lui-même « alarmé » par le déficit d’eau dans les sols.
Les agriculteurs sont évidemment en première ligne. Difficile pour eux d’obtenir des volumes d’eau garantis pour arroser leurs champs. L’Association des irrigants de la Vienne (Adiv) s’est engagée à fournir des relevés hebdomadaires de ses consommations et à réduire d’un tiers la surface consacrée au maïs dans le Nord-Vienne, passant de 1 400ha à 900ha. Dans ce contexte, la publication lundi prochain de l’étude Hydrologie, milieux, usages, climat (HMUC) sur l’évolution à long terme des ressources en eau devrait concentrer toutes les attentions à quelques jours d’une nouvelle mobilisation d’ampleur contre les bassines.
Claire Brugier - Romain Mudrak
À lire aussi ...
Aujourd'hui