Vivons-nous les derniers jours du hérisson ? Selon certains spécialistes, l’espèce serait amenée à disparaître d’ici à 2025. Si son déclin est une réalité sur le territoire de la Vienne, les associations de protection animale ne croient pas à son extinction proche.
Son retour dans l’actualité a pour le moins étonné. En ligne depuis 2016, une pétition de l’association Famille Hérisson alertant sur son déclin a été remise en avant dans un article du Parisien, il y a un peu plus d’un mois. Avec cette terrible prophétie : le petit mammifère pourrait s’éteindre d’ici à 2025. « Il y a pourtant des espèces beaucoup plus en danger, répond d’emblée Miguel Gailledrat, coordinateur à Vienne Nature. Je serais curieux de savoir sur quelles données ils s’appuient pour affirmer cela. »
En France, un recensement précis n’a jamais été réalisé. « Faut-il encore pouvoir en faire un suivi important, selon Miguel Gailledrat. C’est compliqué, il faudrait des moyens. » En 2021, Vienne Nature a lancé une enquête participative avec Grand Poitiers, afin d’améliorer ses connaissances sur le hérisson à l’échelle de la communauté urbaine. Peu concluante, faute de retours. Il est ainsi difficile de mesurer avec fiabilité le supposé déclin de ces adorables insectivores qui peuplent nos campagnes et nos jardins. Une seule certitude, rassurante : ils ne figurent toujours pas sur la liste rouge des espèces menacées dans l’ex-Poitou-Charentes.
Victimes des voitures, des produits et
du climat
Au centre de soins de la faune sauvage poitevine, le seul autorisé à soigner les mammifères dans la Vienne, Lydia Bourdeau s’occupe actuellement d’une quarantaine de hérissons. A l’année, elle n’en recueille pas moins de 400. « Ils sont de plus en plus malades », observe la fondatrice du centre situé à Châtellerault. En cause notamment, les produits chimiques -pesticides, herbicides et engrais- qui contaminent leur alimentation et les affaiblissent. Et le réchauffement climatique a provoqué un dérèglement biologique. Alors qu’ils naissent habituellement l’été, les choupissons (les bébés hérissons) voient désormais le jour jusqu’à la mi-septembre. « Ceux-là ne grossissent pas suffisamment pour pouvoir affronter l’hiver », indique Lydia Bourdeau, qui ne croit pas en une extinction de l’espèce dans les deux ans.
Avec les hivers de plus en plus doux, les hérissons n’hibernent plus et s’exposent encore plus aux dangers extérieurs, notamment dans les villes (circulation routière, élagage, etc.). Autant dire qu’ils sont cernés ! Alors, que faire pour les en préserver ? « Mieux vaut laisser des endroits ensauvagés dans son jardin, ne pas y utiliser de produits phytosanitaires et ne pas les nourrir avec de la pâtée pour chats, qui perturbe leur alimentation », suggère Miguel Gailledrat. « On peut aussi y installer des « nids » à hérissons, avec un petit tas de bois ou une palette recouverte de pots de fleurs. Ils adorent s’y abriter », propose Lydia Bourdeau. Le mieux, si vous tombez sur un hérisson en difficulté, est de contacter le centre de soins de la faune sauvage. Après avoir pris soin des petits mammifères, Lydia Bourdeau les relâche sur une parcelle de la MFR de Montmorillon ou encore au domaine Ampelidae afin qu’ils puissent y jouer leur rôle -essentiel- d’auxiliaires du jardinier. « Sans eux, la chaîne alimentaire serait déséquilibrée »,
insiste Miguel Gailledrat.
Centre de soins de la faune sauvage poitevine :
06 09 85 27 98.