Quand la médecine fait appel à la littérature

L’Espace Mendès-France vous invite à découvrir ce mercredi la médecine narrative lors d’une conférence de la chercheuse Isabelle Galichon. Explications sur cette discipline encore méconnue en France.

Charlotte Cresson

Le7.info

Si médecine et littérature s’apparentent à un oxymore dans l’esprit de la plupart des gens, les deux disciplines seraient en réalité complémentaires. C’est en tout cas ce que pense Isabelle Galichon, docteure en littérature francophone et comparée et chercheuse associée à l’UR Plurielles et à l’Institut de médecine intégrative et complémentaire au CHU de Bordeaux. Depuis un an, la spécialiste anime des ateliers dispensés par la toute nouvelle chaire Médecine narrative-Hospitalité en santé de l’hôpital bordelais. Cette discipline, « conceptualisée à l’université Columbia, aux Etats-Unis », fera l’objet d’une conférence mercredi à l’Espace Mendès-France. Encore méconnue dans l’Hexagone, la médecine narrative « remet au cœur la relation entre un médecin et son patient », en ce concentrant sur le récit et la parole du malade. Si le recours au récit est déjà présent lors de l’anamnèse effectuée par le praticien en début d’entretien, les ateliers dispensés par Isabelle Galichon visent à rendre ce moment plus complet. « Les ateliers s’adressent à différentes professions du domaine du soin. Les participants sont amenés à travailler sur un texte mais aussi sur l’écriture et développent ainsi leurs capacités réflexives et leur créativité », 
indique la chercheuse. L’objectif ? 
« Les préparer en amont afin qu’ils soient prêts lors de la rencontre clinique. » 


Des bénéfices pour les patients et les soignants

En cherchant à lire dans les patients comme dans un livre ouvert et « en partant des émotions », le soignant développe une meilleure compréhension des sensations de son interlocuteur et adapte ainsi sa façon de procéder. Pour Rita Charon, l’une des conceptrices de la discipline, « la médecine narrative repose sur une capacité du soignant à reconnaître, absorber, interpréter et être ému par les histoires des patients ». 
L’historique du patient est ainsi moins fragmenté, ce qui permet une meilleure prise en charge. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, procéder ainsi ne fait pas perdre de temps ! « Dans son mémoire de recherche, un étudiant kiné indique que le patient ayant parlé le plus longtemps s’est interrompu au bout de trois minutes, ce qui est peu. On ne perd pas de temps, il vaut mieux en prendre un peu plus et faire attention à l’implicite et au détail. » Au programme de la table ronde : un peu de lecture, une approche historique et une expérience.


Littérature et soins : la médecine autrement. Mercredi à 18h30. Tous publics. Gratuit. Renseignements et réservation sur emf.fr.

Lovecraft à la loupe

Du 3 au 7 décembre, Howard Philips Lovecraft sera à l’honneur. L’auteur américain, connu pour ses récits fantastiques, d’horreur et de science-fiction, mobilisera la médiathèque François-Mitterrand, la Maison des sciences de l’Homme et de la société, le cinéma Le Dietrich et l’Espace Mendès-France à travers des ateliers de jeux de plateau, des conférences, des colloques et des présentations de livres. Incontestablement novateur, H.P Lovecraft invite à croiser les disciplines. « Ses œuvres permettent de mobiliser tout un tas de regards : de l’écologie à la littérature en passant par l’astronomie ou la paléontologie. On peut réussir à fédérer les chercheurs », estime Jean-Renaud Boisserie, directeur de recherche du CNRS au laboratoire Paléontologie évolution paléoécosystèmes paléoprimatologie (Palevoprim) de Poitiers et organisateur du colloque 
« Remettre l’humanité à sa place dans l’univers : évolution et fossiles lovecraftiens ». Passée presque inaperçue à l’époque, l’œuvre de H.P Lovecraft (1890-1937) a finalement suscité « un engouement important d’abord dans les milieux littéraires puis dans les arts jusqu’à impacter les jeux vidéo et les sciences ». 
Lors de cette semaine consacrée à l’auteur, spécialistes littéraires, artistiques et scientifiques se pencheront sur ses œuvres, leur impact dans le présent et l’utilisation de la science faite par Lovecraft dans ses nouvelles. 


Tous publics. Plein tarif : 10€, tarif étudiant : 5€ , le Joker : 3,50€ (sauf pour certains événements signalés comme gratuits). Programme complet et réservations sur emf.fr.

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