Un an après le déclenchement de la guerre en Ukraine et la flambée des prix de l’électricité et du gaz, les entreprises industrielles poursuivent leurs efforts de sobriété, pour des raisons économiques et écologiques. Le dispositif Eco-Adapt’86 commence à se mettre en œuvre.
Boulangers-pâtissiers, bouchers, restaurateurs... Les artisans sont touchés de plein fouet par l’explosion des prix de l’énergie (gaz, électricité), même si les amortisseurs mis en place par l’Etat produisent leurs effets. Mais les plus gros consommateurs, dont les industriels, pâtissent aussi de la situation et de la variabilité des cours. La préfecture de la Vienne(*) et l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) ont lancé au cœur de l’automne le dispositif Eco-Adapt’86 pour précisément les amener à réfléchir à leur stratégie énergétique. Concrètement, l’Etat verse
305 000€ dans un pot commun pour permettre à 61 entreprises de bénéficier d’un diagnostic, préalable indispensable à des actions plus proactives : investissement dans de nouvelles machines, désignation d’un référent sobriété, adoption éventuelle d’une nouvelle organisation du travail, formation des personnels...
« De vraies surprises »
« Le dispositif court sur trois ans, à raison de vingt entreprises accompagnées par an », précise Stéphane Daudon, délégué général du Medef de la Vienne. Le cabinet de conseil Collectif Energie a démarré sa mission récemment. « Nous avons déjà visité cinq PME sur le territoire et rendu un plan d’action », prolonge Antoine Barthélémy. Le directeur régional du cabinet (80 collaborateurs en France) constate qu’on demande aux acteurs économiques « de la sobriété mais qu’ils ne savent pas toujours par où commencer ». Et de poursuivre : « Par moment, les dirigeants ont de vraies surprises sur des consommations toutes simples comme l’éclairage. Les gains peuvent aussi être considérables sur l’optimisation et l’acheminent de l’électricité. »
« Emmener
tout le monde »
Si Collectif Energie a dans un premier temps été sollicité pour améliorer la stratégie d’achat d’énergie, la PME est aujourd’hui davantage « réquisitionné » sur l’optimisation des coûts. La démarche commence toujours par un audit, à partir des données de consommation par poste, la nature du contrat, la puissance sur le réseau... « On analyse les datas et on en tire des préconisations, un plan d’action. Il faut être très concret et emmener tout le monde avec soi. » Les objectifs à court, moyen et long termes sont évidemment différents, mais une conviction affleure. L’époque où l’énergie
n’était « pas un sujet pour les entreprises » semble révolue.
« C’est devenu un achat de classe A stratégique, qui peut potentiellement mettre en péril leur activité », assure Antoine Barthélémy. Signe des temps, Collectif Energie a doublé ses effectifs en deux ans.
(*)Via la Direction régionale
de l'économie, de l'emploi,
du travail et des solidarités.