Aujourd'hui
Les collectivités de toutes tailles se penchent sur leur patrimoine immobilier, un levier pour limiter les coûts ou tout au moins ne pas les accroître. Aujourd’hui comme demain.
« Nous ne sommes ni Petite Ville de demain, ni Action cœur de ville… » Et le patrimoine immobilier a un coût certain. La municipalité de Jaunay-Marigny a donc mené un audit « pour optimiser la gestion de [son] patrimoine communal ». Tout simplement « parce que dans le contexte économique actuel, nous devons limiter le budget de fonctionnement et réaliser des économies d’énergie », explique le maire Jérôme Neveux. Lors du dernier conseil municipal, décision a ainsi été prise de se séparer de l’ancienne école de Parigny, inutilisée depuis sa fermeture, en fléchant la vente vers le locatif qui fait défaut au territoire. D’autres lieux ont été identifiés, « l’ancienne poste qui nécessiterait beaucoup trop de travaux » ou encore « le presbytère, fermé depuis vingt ou vingt-cinq ans ». L’heure n’est plus à conserver des biens immobiliers qui au mieux dorment, au pire coûtent en entretien ou à défaut se dégradent.
Dans le village de 320 habitants de Saint-Gaudent, la même question s’est posée autour du presbytère. « Un prêtre y a habité jusqu’en 2015. L’évêché l’a loué pour l’euro symbolique jusqu’en 2017, raconte la maire Josette Colas. Afin de préserver le patrimoine de la commune, nous l’avons rénové en gîte pour 10-12 personnes. » Diagnostic, pré-étude, étude de marché, travaux… En soustrayant l’apport du fonds européen Leader, la dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR) et les subventions de la communauté de communes, du Département et de la Région, le reste à charge pour Saint-Gaudent s’est élevé à 89 000€. Désormais, « les locations couvrent les dépenses (eau, électricité, frais d’emprunts) ».
Préparer l’avenir
A l’échelle de Grand Poitiers et Grand Châtellerault, le patrimoine immobilier aussi est scruté à la loupe. Ici a été lancée en 2021 -jusqu’en 2023- l’élaboration d’un schéma directeur immobilier, là un audit est en cours. A Grand Châtellerault, quelque 200 parcelles vont être expertisées, dont 125 sur la seule ville-centre. « L’objectif est d’établir un plan à dix ans », explique Maryse Lavrard, vice-présidente en charge du Patrimoine. « Cela doit nous aider à construire le Plan pluriannuel d’investissement pour les années à venir, note son homologue de Grand Poitiers Emmanuel Bazile. La communauté urbaine a un patrimoine conséquent, le double des collectivités de sa taille ». « En moyenne, il est de 1,1m2 par habitant, à Grand Poitiers de 2,2m2 », complète Carole Boinot, responsable stratégie foncière. « Si on devait tout remettre en état, cela se chiffrerait en dizaines de millions d’euros par mandat, poursuit l’élu. Nous voulons établir une carte d’identité de notre patrimoine pour pouvoir travailler de manière transversale avec les politiques publiques (enfance-jeunesse, sport…) et discuter avec les communes. » A l’heure actuelle, moins de 1% des biens n’est jamais utilisé, à l’instar du logement de fonction (près de 500m2) de l’ex-Banque de France et d’une maison de Bellejouanne, à Poitiers, ainsi que de la « maison du XVe » à Jazeneuil. Ils vont être mis en vente prochainement. « Mais on ne vend pas comme un particulier, précise Carole Boinot. Les modalités prennent en compte le projet urbain, l’habitat alentour. La vente est un moyen de redonner vie au patrimoine. »
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