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Le menu de Sébastien Boireau
Chef du restaurant gastronomique Papilles, à Poitiers, Sébastien Boireau vous propose un repas de fête réussi pour tous les porte-monnaie.
La réforme de l’urgence pré-hospitalière a certes confirmé leur statut de professionnels de santé mais elle n’a pas aboli les difficultés quotidiennes des ambulanciers, inquiets voire à bout de souffle. Manque de personnels, tarifs insuffisamment revalorisés, recrutements compliqués… La Chambre nationale des services d’ambulances (CNSA) a bien adressé ses propositions au ministère de la Santé sous la forme d’un livre blanc… Elles sont restées lettre morte. « Il faut qu’on avance ! », lâche Denis Fruchon, le délégué régional de la CNSA.
Dans la Vienne, le secteur compte 25 entreprises -sur 5 000 en France-, ce qui représente 300 véhicules sanitaires dont 186 VSL (véhicules sanitaires légers) et 121 ambulances. Dans un contexte de démographie médicale en baisse, toutes les structures, quelle que soit leur taille, sont confrontées à la même réalité. « Depuis le Covid, l’activité a explosé. On paie les retards pris pendant la crise, analyse Denis Fruchon, lui-même à la tête d’une entreprise d’une quarantaine de salariés, six ambulances et neuf VSL, dont le siège est à Montmorillon. En moyenne, nous effectuons 150 transports programmés par jour. Il nous arrive de refuser des patients. » A cela s’ajoutent les urgences.
Dans le cadre de la réforme de l’urgence pré-hospitalière, la tarification des gardes a été revue. Exit le forfait de 346€ pour 12 heures, auquel s’ajoutaient 60% des transports facturés. Désormais, la rémunération est horaire (64€/h) et le tarif des transports dégrévé. Seul hic, mais de taille, la rétribution trimestrielle tarde à être versée. « Sans vouloir être négatif, la CPAM ne suit pas et cela crée des décalages dans les trésoreries. »
D’autres problématiques s’accumulent. Les recrutements sont de plus en plus compliqués. Il manque 15 000 ambulanciers en France, une centaine dans la Vienne. « On ne sait pas si c’est le métier qui ne plaît plus…, lâche Denis Fruchon. Nous avons les mêmes contraintes, horaires notamment, qu’à l’hôpital. » A l’Institut de formation des ambulanciers de Poitiers, les effectifs ne cessent de diminuer depuis quelques années. « Seulement 30 à 35 des 50 places ouvertes sont pourvues, note le représentant de la CNSA. C’est un métier où l’on vient rarement en premier emploi et qui s’est largement féminisé. On compte plus de 40% de femmes. »
Les salaires aussi peuvent constituer un frein. Ils ont certes été récemment revalorisés de 8,91%, mais c’était avant l’inflation. « Un ambulancier touche 12€ par heure, 1 825€ brut par mois auxquels s’ajoutent des repas et des indemnités de nuit, de dimanche… », résume Denis Fruchon. Difficile d’aller au-delà dans un contexte budgétaire contraint. « La tarification actuelle n’est pas en adéquation avec le contexte, dénonce le patron-ambulancier, citant pour exemple la hausse du coût du gasoil. On est passé d’1,20€ le litre en début d’année à 1,90€. Alors pour une structure comme la mienne qui consomme 2 000 litres par semaine… »
Aujourd’hui, la profession, tiraillée entre les ministères des Transports et de la Santé, réclame toujours son rattachement au second. Mais aspire surtout à « une meilleure reconnaissance » car, conclut Denis Fruchon, « on a l’impression d’être la roue de secours ».
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