Aujourd'hui
A l’heure des réseaux sociaux, les tags sur les murs de la ville provoquent toujours de nombreuses réactions. Expression d’une pensée plus ou moins aboutie, ils coûtent très cher en frais de nettoyage aux collectivités.
Les slogans ne fleurissent pas que sur Twitter ou Snapchat en 2022. Le tag résiste envers et contre tout à l’envahisseur numérique. A l’heure des réseaux sociaux, il fait toujours réagir. La découverte, le 12 novembre, sur le portail de l’église Notre-Dame-la-Grande, de l’inscription « Ni Dieu, ni maître, ni patron, ni mari » a suscité l’émoi, au-delà de la communauté des amoureux du patrimoine. Et que dire de l’indignation de plusieurs organisations de gauche, après l’apparition d’un « tag raciste » accompagné de « symboles néonazis » visant un étudiant sur le campus de Poitiers.
« Un acte de désobéissance civile »
Dans le premier cas, la maire de Poitiers Léonore Moncond’huy a porté plainte. Dans le second, la présidence de l’université analyse « l’opportunité d’un dépôt de plainte ». Les tags, quels qu’ils soient, restent un sujet de préoccupation pour les collectivités (lire encadré) et les forces de l’ordre. « Les patrouilles sont vigilantes, particulièrement au moment des rassemblements, comme celui des anti-bassines par exemple », souligne Guillaume Wident, adjoint au chef de la police de Poitiers. La vidéo permet parfois de confondre les auteurs, mais les enquêtes s’avèrent souvent compliquées. En 2022, le parquet de Poitiers a recensé trois affaires de dégradation d’un édifice affecté au culte, tout comme l’année précédente.
Revendiquer à coup de bombe de peinture, rien de nouveau sous le soleil. S’il a souvent été associé aux anarchistes, le tag reste très largement utilisé. « C’est clairement un acte de désobéissance civile dont le but est soit de dégrader l’espace concerné, soit de trouver un support de son expression », estime le politologue Dominique Breillat. A la différence des militants qui aspergent de sauce tomate des œuvres d’art, les activistes du tag n’attendent pas sur place de se faire arrêter. « Ces mouvements qui n’accèdent pas aux médias traditionnels comptent en revanche sur les réseaux sociaux. » Leur point commun : vouloir attirer l’attention. Avec une certaine réussite...
Deux agents du service Propreté de la Ville de Poitiers sont employés à plein temps pour effacer en moyenne 1 500 tags chaque année. Ils disposent d’un camion, là aussi entièrement dédié à la tâche, utilisent des litres de carburants pour le faire rouler et de produits de nettoyage afin d’intervenir aussi bien sur les édifices publics que privés. Au total, le budget consacré à cette mission s’élève à 100 000€.
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