Le stress post-traumatique, un mauvais souvenir

La thérapie dite de la reconsolidation a été utilisée après les attentats de novembre 2015 pour soigner les victimes de stress post-traumatique. Cette méthode sera au cœur du congrès de psychotraumatologie organisé à Poitiers du 16 au 18 novembre. Alain Brunet, son fondateur, animera une conférence publique.

Romain Mudrak

Le7.info

Peut-on oublier le pire souvenir de sa vie ? Alain Brunet en est convaincu. Du moins, il est possible d’en atténuer la charge émotionnelle. Fort d’une vingtaine d’années d’expérience, ce professeur agrégé en psychiatrie à l’université McGill de Montréal a mis au point la thérapie de la reconsolidation pour soigner les patients souffrant de stress post-traumatique. « Cette méthode s’appuie sur les connaissances les plus récentes sur le fonctionnement de la mémoire, elle est facile à apprendre et à appliquer », résume le membre de l’Académie des sciences de la santé canadienne. Les patients n’ingèrent pas de psychotropes mais une molécule appelée propanolol, utilisée depuis plus de cinquante ans dans le traitement de l’hypertension. « A chaque fois que l’on réactive un souvenir, il se réenregistre. Cette molécule bloque cette reconsolidation jusqu’à ce que l’événement traumatisant se transforme en banal mauvais souvenir. »

Paris Mémoire vive

Des publications dans des revues scientifiques sérieuses attestent de la sincérité de la démarche. Six séances de vingt-cinq minutes suffisent à obtenir des résultats satisfaisants. Les patients avalent le comprimé de propanolol une heure avant chaque consultation. Lors du premier rendez-vous, ils rédigent le récit de leur choc, puis le relisent lors des séances suivantes. Un protocole ultrasimple applicable à grande échelle. Pour le vérifier, le 
Pr Alain Brunet a été autorisé à mener une étude après les attentats terroristes du 13 novembre 2015 qui ont fait 
130 morts à Paris et Saint-Denis. 370 victimes atteintes de stress post-traumatique ont accepté de suivre cette thérapie de reconsolidation. Nom de code : 
Paris Mémoire vive (Paris MEM). « La vocation de ce projet était de confirmer la faisabilité d’une telle approche, le coût, l’efficacité, la participation des praticiens… » Environ 200 ont été formés à cette époque. Preuve de leur enthousiasme mais aussi de l’aversion d’une partie de la profession pour les traitements traditionnels de ce genre de pathologie (thérapie cognitivo-comportementale, psychotropes…).

« Cette étude menée entre 2016 et 2018 s’est achevée avec 70% de réussite », note le Pr Brunet. Autrement dit, la plupart se sont débarrassés des troubles liés au stress post-traumatique : hypervigilance, perte d’estime de soi, repli, peur des autres, cauchemars… Les résultats complets seront dévoilés dans quelques jours à Poitiers lors du congrès de psychotraumatologie. « Depuis le début, l’université McGill et moi-même entretenons des relations étroites avec plusieurs partenaires poitevins », précise Alain Brunet. A commencer par le laboratoire de psychologie Cerca et le centre Henri-Laborit. Ce congrès et la première conférence internationale dédiée à la thérapie de la reconsolidation se dérouleront du 16 au 18 novembre.

« Peut-on oublier le pire souvenir de sa vie ? », conférence d’Alain Brunet dans l’auditorium du musée Sainte-Croix, mercredi 
16 novembre à 20h30. Gratuit. Tout public.

crédit photo : université McGill

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