La concertation autour des projets de réserves sur le bassin du Clain s’achève à la mi-octobre. En dépit de nouvelles contreparties consenties par les agriculteurs, les lignes n’ont pas beaucoup bougé,
ce qui n’empêchera pas un début des travaux
en 2023.
A la mi-juillet, le préfet de la Vienne, Rés’Eau Clain et l’Association des irrigants de la Vienne ont dévoilé la deuxième version du protocole du Bassin du Clain, document de référence pour le projet de construction de trente réserves de substitution -quarante-et-une au départ-, avec un volume d’eau stocké de 8,9 millions de m3. Parmi les nouveautés avancées, une baisse de 50% des produits phytosanitaires d’ici 6 ans (25% à l’horizon de trois ans), une diminution de 30% des herbicides d’ici 6 ans, un objectif zéro molécule déclassante sur les périmètres rapprochés des captages, 100km de haies nouvelles, une gouvernance plus partagée au sein du Groupement d’intérêt public, la mise en place de compteurs communicants en open data pour contrôler les volumes... Toujours insuffisant pour Vienne Nature, opposé à « ce projet », explique Francine Berry, administratrice. L’association conteste « la méthode de calcul à partir des Indicateurs de fréquence de traitements phytosanitaires » et aurait préféré que le protocole parle d’économies d’eau plutôt que d’optimisation.
« Regardez l’état
des rivières... »
« Les compteurs communicants, on les demandait, c’est une avancée, reconnaît Jean-Pierre Caillot, de l’UFC Que Choisir. Mais sur le fond, le protocole n’a pas beaucoup évolué, il n’aboutit pas à une diminution des prélèvements. » Les irrigants mettent au contraire l’accent sur « une baisse de près de 40% en période estivale » et s’appuient sur l’exemple vendéen où le niveau des nappes phréatiques aurait remonté. Francis Bailly, lui, ne « signera rien », courroucé par les décisions du préfet sur
« les dérogations accordées aux agriculteurs ». « Regardez l’état des rivières du département..., s’agace le président de la Fédération de pêche de la Vienne. Le protocole vaut PTGE (Projet de territoire pour la gestion de l’eau, ndlr), ce n’est pas normal ! On va finir par se transformer en gilets bleus. »
Une question de survie
Si le Département a avalisé le protocole la semaine dernière, la décision de Grand Poitiers se fait encore attendre. Aucune date de réunion n’a été fixée. Quant à la Chambre d’agriculture, elle ne veut pas s’exprimer... Le préfet de la Vienne a donné à tous les acteurs concernés jusqu’à mi-octobre pour se prononcer. Le temps de « voir si l’évolution du protocole conduit à une amélioration du consensus », commente Jean-Marie Girier. Le représentant de l’Etat salue la qualité des arguments, mais ne s’en cache pas, il prendra « la décision seul ».
« C’est un sujet qui passionne, mais il faut rester dans la raison... » Les
153 agriculteurs adhérant aux cinq coopératives font des bassines un enjeu de survie économique à moyen terme. Le contrat territorial avec l’Agence de l’eau Loire-Bretagne (42% du financement des réserves) pourrait être signé au cours du premier semestre 2023, les travaux démarrant dans la foulée. Les premières réserves verront sans doute le jour sur le bassin de la Clouère, là où les autorisations administratives ont été accordées en 2017 et ne sont valables que jusqu’à fin 2023.
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