Aujourd'hui
Maldoror comme mal…aise
A travers Le Dossier Maldoror, librement inspiré de « l’affaire Dutroux », Fabrice du Welz ne se contente pas de raconter des faits connus et sordides. Le réalisateur belge nourrit le malaise avec habileté.
Du haut de ses 7 millions d’années, Toumaï est-il le plus ancien humain bipède ? La controverse mondiale vieille de vingt ans autour de cette question a semble-t-il vécu. Dans un article exclusif publié ce mercredi par la revue Nature, une équipe de chercheurs poitevins (laboratoire Palevoprim) et tchadiens démontre que des contemporains du célèbre Sahelanthropus ont adopté la bipédie bien avant Orrorin (Kenya, 6 millions d’années), Ardipithecus (Ethiopie, 4,4 millions d’années) ou l’Australopithèque Lucy (3 millions d’années).
A partir du fémur et de deux ulnae (ex-cubitus) découverts à côté du crâne Toumaï par le paléoanthropologue Michel Brunet, au Tchad en 2001 (voir plus bas), l’équipe de Franck Guy et Guillaume Daver s’est interrogée sur « la forme de locomotion du Sahelanthropus ». De cela dépendait en effet son appartenance à la famille des homininés ou à celle des chimpanzés. « La bipédie est l’un des critères qui définit notre lignée », rappelle Guillaume Daver.
La mesure du diamètre fémoral de Sahelanthropus a indiqué qu’il était plus grand que le chimpanzé. Pour le reste, la relative mauvaise préservation des os et l’absence des extrémités a incité les chercheurs à mener une approche plurielle incluant des observations anatomiques, des mesures biométriques, morphométriques, bio-mécaniques…
Au total, les paléoanthropologues se sont appuyés sur vingt-trois caractères, tant morphologiques que fonctionnels, pour comparer Sahelanthropus avec des spécimens de grands singes fossiles et actuels et avec des homininés actuels. Combinés, ces critères attestent de « la bipédie habituelle mais pas exclusive » de Toumaï et ses contemporains. En d’autres termes, ils se déplaçaient bien sur leurs deux jambes même si, dans les arbres, il leur arrivait d’opter pour la quadripédie. Ils sont donc « le plus ancien témoignage de bipédie chez l’humain ».
(*)L’équipe comprend des chercheurs du CNRS, de l’Université de Poitiers (laboratoire Palevoprim) et de l’université de N’Djamena (Tchad).
Michel Brunet, le grand absent
A la tête de la Mission paleoanthropologique franco-tchadienne (MPFT) depuis une trentaine d’années, le paléontologue poitevin Michel Brunet n’était pas présent lors de la conférence de presse de « présentation de nouveaux résultats de recherche relatifs à Sahelanthropus tchadensis, considéré comme le plus ancien représentant de l’humanité » (communiqué de presse). Pourquoi le découvreur du crâne de Toumaï mais aussi du fémur et des ulnae qui ont servi à déterminer la bipédie de Sahelanthropus n’a-t-il pas été invité ? « Michel Brunet (professeur honoraire au Collège de France et professeur émérite à l’Université de Poitiers) a coordonné la MPFT depuis sa création, mené sur le terrain le groupe qui a découvert l’aire fossilifère de Toros-Menalla et initié l’étude du fémur et des ulnae en 2004 en effectuant les premières observations et comparaisons. Il n'a pas souhaité co-signer cet article. Nous saluons son immense contribution à la paléontologie au Tchad et sommes honorés de sa confiance et de ce qui constitue un passage de relais aux équipes tchadienne et poitevine qui constituent le cœur de la MPFT », explique en réponse l’équipe de recherche, en omettant (sic) de préciser que le scientifique qui le premier a considéré Toumaï comme un bipède n’avait pas été invité. « Ce qui m’intéresse, c’est la science, se contente de commenter Michel Brunet. Les gens qui pensaient que Sahelanthropus tchadensis était quadripède se sont trompés. Cela met, je l’espère, un terme à ces polémiques qui n’ont aucun lien avec la science. » Concernant l’article qui vient de paraître dans Nature, le scientifique le juge « excellent ». « Je n’ai pas souhaité le co-signer pour pouvoir garder ma liberté de parole. Le jeune paléonthologue que je suis, avance-t-il avec humour, a besoin de quiétude et j’aime plutôt l’élégance. » A bon entendeur…
« L’article confirme ce que j’ai dit et pensé après avoir étudié ces fossiles dans les musées africains, à Addis-Abeba (Ethiopie), à Nairobi (Kenya), et chez des collègues d’Amérique du Nord, à Berkeley-Université de Californie, et à Harvard. Si je n’ai pas publié sur le sujet, c’est parce que je croyais qu’on allait trouver d’autres fossiles et c’est pour cela que j’y retourne encore. Quand j’ai publié sur Toumaï, on avait découvert une faune associée d’une trentaine d’espèces. On en est à une centaine aujourd’hui et bientôt près de cent vingt avec les micro-mammifères actuellement à l’étude. Mais pour ce qui est des squelettes post-crâniens, on n’en a trouvé qu’un seul depuis. »
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