Aujourd'hui
Le CHU de Poitiers dispose désormais d’un simulateur qui reproduit les conditions d’une IRM. Destiné aux enfants de 3 à 10 ans, cet appareil en forme de fusée vise à réduire l’anxiété liée à cet examen.
Ça y est, les premiers petits patients sont montés à bord de la fusée. Il aura fallu trois ans pour que l’initiative aboutisse. Carole Guillevin, ingénieure de recherche au laboratoire Dactim-MIS, a tout mis en œuvre pour que le CHU de Poitiers se dote d’une « IRM en jeu » (lire Le 7 n° 442). A commencer par lancer une souscription en 2019 afin de réunir l’enveloppe de 26 000€ nécessaire à l’acquisition (lire encadré). Si la Covid-19 a ralenti le projet, l’appareil est maintenant installé dans le service d’IRM de l’hôpital, tout près des « vrais » !
L’« IRM en jeu » a vocation à réduire l’anxiété des enfants de 3 à 10 ans qui doivent se confronter, pour des raisons médicales, à un examen par imagerie à résonance magnétique. Et ce n’est pas une mince affaire ! Entre le bruit inquiétant de la machine et le sentiment d’être coincés dans un tube, les plus jeunes ne peuvent pas s’empêcher de remuer. Or, il ne faut absolument pas bouger. C’est la condition incontournable pour que les images soient exploitables. L’idée du nouveau dispositif ? Les préparer mentalement en jouant au docteur. « Les enfants s’allongent, on leur fait écouter les vrais bruits de l’IRM et on leur demande de ne pas bouger comme lorsque papa et maman les prennent en photo », explique Carole Guillevin. Les parents restent à proximité. Les manipulateurs en électroradiologie médicale aussi. Ils les emmènent ensuite vers l’IRM, où les enfants retrouvent le même code couleur.
Réduire la sédation
Au CHU de Poitiers, quinze enfants passent une IRM chaque semaine. Dans 10% des cas, c’est un échec malgré la sédation et les tentatives à répétition. Il faut alors passer par une anesthésie générale. Face à cela, les résultats sur les premiers passagers de cette fusée magique sont prometteurs. « On explique à longueur de temps aux enfants que leur corps leur appartient mais lorsqu’ils arrivent dans le milieu médical, on les touche, on les manipule sans prendre le temps de leur expliquer, note le Dr Martine Mergy-Laurent, radio-pédiatre. Il faut les rendre acteurs pour obtenir leur coopération. » Au final, ce dispositif pourrait aussi permettre de « gagner quelques places » et ainsi de réduire les délais d’accès à l’IRM qui peuvent s’étendre de deux mois à un an, selon l’examen.
L’IRM en jeu a été créé par le radio-pédiatre lyonnais Jean-Pierre Pracos et développé par l’association Le Petit monde. 33 CHU en sont équipés. Carole Guillevin a souhaité associer les Poitevins à l’achat de cet appareil plutôt que de solliciter directement le CHU. Le Rotary club la Romane, le Lions club de Poitiers et Siemens ont répondu présents. Des étudiants de l’école des manipulateurs en électroradiologie médicale ont organisé une marche, d’autres en génie mécanique ont créé une tombola solidaire. L’association Un Hôpital pour les enfants et le footballeur de l’AJ Auxerre Quentin Bernard, originaire de Poitiers, parrain du projet, ont permis de boucler le tour de table pour un montant de 26 000€.
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