Enfin l’heure de Blanche

Maintes fois repoussée, la première de L’heure blanche aura lieu dimanche et lundi aux 3T à Châtellerault. Créé par la compagnie poitevine Rumeurs des Vents, ce spectacle tout public est adapté d’un texte de Claudine Galea.

Steve Henot

Le7.info

Blanche est une petite fille de 10 ans qui ne jure que par… le blanc. Son amour immodéré pour cette couleur désarçonne, à commencer par sa mère. Dans l’intimité de sa chambre, décor presque immaculé, l’enfant déploie un imaginaire qui se mêle au souvenir de son père, un photographe perdu « dans l’hiver éternel »… 
A travers cette histoire de deuil, L’heure blanche de Claudine Galea, paru aux éditions Espaces 34, confronte l’enfance et l’âge adulte. Ce texte onirique a touché Hélixe Charier à la première lecture.


« Je l’ai découvert au Conservatoire de Poitiers, explique la metteuse en scène. Il aborde une grande question dans ma vie : comment conserver l’innocence, l’émerveillement de l’enfant dans nos vies d’adultes ? J’avais la volonté de déjouer cette injonction à grandir, de retrouver un peu de jeu, d’imaginaire propres à l’enfance, même si cette période est parfois très cruelle, aussi. » 
La directrice artistique de la compagnie Rumeurs des Vents décide donc d’adapter L’heure blanche sur scène, dans un dispositif immersif. Les murs de la chambre de Blanche, tous vêtus de draps blancs, se font écrans sur lesquels sont projetées des illustrations de la Poitevine Charlotte Lemaire. Pour mieux plonger le spectateur, jeune ou moins jeune, dans l’univers mental de la petite fille. 


« Les adultes partaient en pleurant »

« J’ai réfléchi cette pièce comme un album jeunesse. J’avais aussi la volonté de proposer des temps de contemplation et de poésie, ce qui est agréable dans le moment que l’on vit. » 
Deux comédiens actionnent les dessins et trappes derrière le décor, tandis qu’Adelaïde Poulard donne vie à l’histoire de Blanche, sur scène, par la manipulation d’objets. Entre ombre et lumière. « J’adore travailler la mise en scène, le visuel, confie Hélixe Charier. Le travail de la compagnie s’inspire du théâtre du masque, qui offre des champs de représentation infinis et permet de transmettre énormément de choses. »


Les sorties de résidence ont déjà suscité d’intéressantes réactions. « Les adultes partaient de la salle en pleurant, sourit l’artiste. Les enfants, eux, étaient à fond avec Blanche. » 
Cette création poitevine a comme tant d’autres été perturbée par la crise sanitaire. La première aurait dû avoir lieu en janvier 2021, à Cap Sud. Elle se fera finalement dimanche et lundi aux 3T, à Châtellerault. « La difficulté que l’on a aujourd’hui, c’est sur la diffusion du spectacle. C’est les bouchons ! » 
Des dates se libèrent toutefois… à l’horizon 2023. Déterminée à ne pas céder aux vents contraires -pass vaccinal, fréquentation des salles en berne- Hélixe Charier veut continuer à « aller partout, récolter les histoires de différentes personnes pour les mener sur scène ».

DR - François Ripoche

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