Lynda Lemay : « Je suis une raconteuse »

Après cinq années d’absence, la chanteuse québécoise Lynda Lemay entame une tournée en France. Avant son concert jeudi au palais des congrès du Futuroscope, elle se livre avec sincérité sur ses réflexions et ses aspirations du moment.

Claire Brugier

Le7.info

Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ?

« Elle bouleverse une vie cette pandémie qui a secoué la terre entière ! Mais je n’ai envie de retenir que le beau que cela a apporté. Personnellement, je m’étais arrêtée avant. J’ai connu une période plus sombre qui s’est terminée sur le départ de mon papa. J’ai passé cinq ans sans être sur scène ! C’était violent mais nécessaire. Cela m’a permis de me rapprocher de mes filles, de me remettre en question. C’est d’ailleurs ce que j’ai voulu faire avec le projet Il était onze fois. »

Quel est-il ?

« C’est un projet complètement fou et démesuré (ndlr, onze albums de onze chansons en 
1 111 jours). Pourtant l’aborder n’est pas stressant car c’est un projet qui me ressemble. J’ai envie d’essayer des choses nouvelles. La vie est trop courte. J’éprouve comme un sentiment d’urgence de tout dire avant la fin. »

Est-ce que cela signifie que votre style a changé ?

« Non, j’ai une façon à moi de dire les choses, je suis une raconteuse. J’ai toujours envie d’écrire des scénarios, qu’on voit l’image à travers les mots, mais aujourd’hui je joue du piano, je vais ailleurs côté musical. Et puis j’ai décidé de toucher à une nouvelle forme d’écriture en composant onze musiques différentes sur un seul texte, « Mon Drame » (ndlr, sur la transidentité), que l’on retrouve dans chaque album. J’explore une façon plus audacieuse de faire les choses. »

Vos chansons trahissent un grand sens de l’observation
et un engagement discret mais réel...

« Je ne suis pas du genre à donner mes opinions ou à tomber dans la politique. Je ne veux pas me mettre le pied dans la bouche (ndlr, dire une bêtise). Quand je m’exprime, c’est en chansons. J’aime briser les silences qui bloquent certaines personnes. Plus jeune, je ne parlais pas beaucoup, j’étais très solitaire. C’est comme si j’avais passé mes premières années à observer les gens. J’essayais de comprendre et je me demandais ce que je pourrais rajouter à leurs conversations. Puis, à la fin de l’adolescence, je suis devenue l’amie de tout le monde !
Je me sentais et je me sens encore aujourd’hui en confiance avec les gens. C’est pour cela que dans mes chansons il n’y a jamais de jugement. »

Mais toujours de l’humour…

« L’humour, ça protège, ça soigne, c’est miraculeux. Lorsque les gens sortent de mes concerts, peut-être qu’ils ont versé des larmes mais ils retiennent souvent plus l’humour. C’est pour ça que j’aime enregistrer des albums live, pour que le public participe. Aucun spectacle n’est pareil ! »


Quel regard portez-vous sur votre histoire avec la France ?


« La première fois que j’y suis venue, c’était à Saint-Malo. J’avais gagné un prix, je n’avais jamais rêvé de voyager en France, sauf pour voir Johnny Hallyday qui était mon idole. J’ai eu un coup d’amour. J’étais arrivée avec mes petites chansons et je n’avais encore jamais vu un public réagir comme ça. J’étais aussi allée voir Johnny en concert ! Puis, en 1996, j’ai rencontré Charles Aznavour ; il m’a présenté aux éditions Raoul Breton et tout a basculé. »


Et après ? 


« Mon rêve serait d’écrire des chansons jusqu’à mes 100 ans (ndlr, elle a 55 ans), après peut-être que je pourrai me reposer ! Je fais encore du trapèze volant avec ma fille… Je ne m’empêche jamais de rêver très grand. Quand je vais arrêter de chanter, ce sera pour mourir. »


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