mardi 24 décembre
Cent ans après la première vaccination par le BCG et à la veille de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, le 24 mars, l’héritage de Camille Guérin est toujours vivant dans la famille du Poitevin. Il prend une dimension singulière dans le contexte épidémique actuel.
En juillet 1953, Paris Match consacrait une double page à Camille Guérin (1872-1961) sous le titre « Guérin, le G de BCG est le dernier survivant de l’époque de Pasteur ». L’article revenait sur la première vaccination, le 1er juillet 1921, à la crèche de la maternité de l’hôpital de la Charité à Paris. On y apprenait que le bébé, né de mère diphtérique, avait reçu trois injections de 6ml de BCG, soit environ 6 milliards de bacilles, et était devenu un homme de 85kg, dirigeant d’une entreprise de métallurgie aux USA.
Cent ans après cette première injection, la mémoire de Camille Guérin, grand amateur du Pinail, passionné par les veilles pierres, très pieux aussi, est vive dans la maison familiale de Vouneuil-sur-Vienne. Les rappels sont nombreux, comme cette petite photo aux bords crénelés. Françoise, la petite-fille de Camille, y apparaît enfant avec son grand-père, toujours tiré à quatre épingles. « Je le voyais tous les étés pendant les vacances », note l’octogénaire. Son mari Michel se souvient d’« un personnage sûr de lui, d’une bonté et d’une intelligence incomparables ».
Parmi leurs trois fils, Sylvain est le plus investi dans cet héritage familial. « Je le vis », confie l’intéressé. Les longs après-midi de conversation avec « Taillette », fille et première admiratrice de Camille Guérin, n’y sont pas étrangers. « J’ai passé beaucoup de temps avec ma grand-tante. Elle me parlait de son père, surtout le mardi, pendant que son mari partait jouer du violon au conservatoire de Châtellerault. Mon grand-père, lui, en parlait peu. » Sylvain Thénault-Guérin est incollable sur la vie de « bon-papa », de sa naissance à Poitiers à ses travaux à l’Institut Pasteur quand « le BCG n’attend[ait] pas », jusque dans ses habitudes parisiennes, à la fin de sa vie. « Il menait une vie monacale. Il vivait dans son laboratoire. A midi, il allait déjeuner chez Rougeot, toujours à la même place. »
Tuberculose : incidence en baisse
Camille Guérin a persévéré pendant treize ans pour mettre au point le BCG, aux côtés d’Albert Calmette. « Il a fait de façon artisanale ce que l’on fait aujourd’hui de façon plus industrielle, note la Pre France Roblot, responsable du service des maladies infectieuses au CHU de Poitiers. Mais, globalement, il faut toujours une dizaine d’années pour travailler sur une technique de vaccin. C’est pourquoi avoir obtenu un vaccin contre la Covid-19 en un an est un exploit, rendu possible parce que Moderna et Pfizer travaillaient depuis plus de dix ans sur l’ARN messager. »
Depuis 2007, le BCG n’est plus obligatoire en France, car efficace sur la méningite tuberculeuse, moins sur les autres formes de la maladie. « Le taux d’incidence est passé de 11,1/100 000 habitants en 2000 à 7,6 en 2018. Le nombre de cas de tuberculose ne fait que baisser, constate la Pre Roblot. Sauf dans certaines régions, où le vaccin reste conseillé, comme Mayotte, la Guyane ou l’Ile-de-France. La tuberculose est une maladie de la promiscuité et de la précarité. »
A l’heure actuelle, « vingt-trois essais cliniques à partir du BCG sont en cours dans le monde, essentiellement sur la Covid », avance, plein d’espoir, Sylvain Thénault-Guérin. La Pre Roblot reste prudente. « On a émis l’hypothèse que ce vaccin stimulerait une immunité globale, mais il y a très peu de chance que cela marche. Aujourd’hui, la priorité est qu’il y ait des vaccins Covid pour tous les pays, même les plus pauvres. »
association-camille-guerin.com.
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