Malaise profond chez les pompiers  

Une plainte pour harcèlement moral a été déposée en décembre 2018 par l’une des cadres du Service départemental d’incendie et de secours de la Vienne (Sdis 86), à l’encontre du colonel Matthieu Mairesse. Une deuxième l’a été depuis, visant la plaignante elle-même.  

Arnault Varanne

Le7.info

Communication décalée, formation avant-gardiste, construction de nouvelles casernes à Poitiers… En apparence, les pompiers de la Vienne affichent un moral à toute épreuve, dopés aux projets innovants. En interne, c’est plus compliqué. L’institution est secouée depuis plusieurs années par des conflits larvés qui éclatent aujourd’hui au grand jour. On a ainsi appris qu’une cadre administrative (*) avait déposé plainte en décembre 2018 contre le directeur départemental du Sdis 86, Matthieu Mairesse. Selon nos informations, l’enquête serait suivie de très près par le procureur de la République, en lien avec la gendarmerie. Une trentaine de personnes auraient déjà été entendues, dont certaines pendant plusieurs heures, mais pas le principal intéressé. 

Une autre plainte en cours 

Officiellement,« ni le colonel Mairesse ni le Sdis ne sont informés de cette plainte ni de l’éventuelle enquête qui en découlerait, commente le service communication. En revanche, le Sdis entend indiquer que depuis plusieurs années, le cadre susceptible d’être à l’origine de la plainte rencontre des difficultés d’ordre technique et managérial, malgré un accompagnement personnalisé. » Et de préciser que la plaignante n’est « pas sous l’autorité directe du directeur départemental ». Ladite plaignante fait elle-même l’objet d’une plainte de la part d’un agent placé sous sa responsabilité par le passé. La présidente du conseil d’administration du Sdis 86, Marie-Jeanne Bellamy avait rencontré cette dernière il y a plusieurs mois déjà, pour évoquer « des difficultés susceptibles de relever du harcèlement moral ». « J’ai pris derrière toutes les mesures nécessaires pour que cette personne (l’agent, ndlr) se sente le mieux possible dans son travail », précise l’élue. 

« On a changé quelques habitudes »

La patronne des pompiers a également déclenché une enquête administrative pour faire la lumière sur ce conflit qui empoisonne la vie du Sdis depuis plusieurs années. « Avant même mon arrivée et celle du colonel Mairesse ! » Les résultats de cette enquête administrative se font toujours attendre, tout comme ceux de l’enquête psychologique réalisée par le cabinet indépendant Psya. Laquelle n’est pas liée directement aux affaires en cours car déclenchée au préalable. 

Sans préjuger de l’aboutissement des investigations administratives et judiciaires, le climat se révèle pesant chez les soldats du feu. La grève surprise du 31 janvier, déclenchée par le syndicat Force autonome à la caserne de Pont-Achard, a « surpris et vexé » la directrice du conseil d’administration. A l’époque, il était déjà question -entre autres- de problèmes de management et de procédures de recrutement. Le second point semble aplani après plusieurs entrevues entre les organisations syndicales et la direction. Le premier, en revanche, serait loin d’être réglé. En coulisses, plusieurs gradés dénoncent des décisions brutales et des relations tendues avec leur commandement. « La manière de gérer les choses peut ne pas plaire à tout le monde, on a changé quelques habitudes. Mais les réunions périodiques servent à se dire les choses. Que les gens s’expriment ! », souffle Marie-Jeanne Bellamy. Qui ajoute : « Tout le monde est en souffrance… »

A l’écouter, le nombre d’arrêts maladies ne serait pas en augmentation au Sdis 86, sans toutefois préciser le chiffre. Jusqu’à nouvel ordre, le conseil d’administration maintient donc « sa totale confiance au directeur départemental dans la conduite de l’établissement et la réalisation des décisions et des projets ». 

(*) Contactée par nos soins, la plaignante refuse pour l’heure de s’exprimer publiquement pour « ne pas tomber dans la surenchère ».

 

À lire aussi ...