En 2010, la Banque de France fêtera ses 210 ans d’existence. A Poitiers, elle est présente depuis 1856. Qu’y fait-on ?
« La Banque de France est à la banque ce que l’IGS est à la Police ». Le parallèle la fait sourire. Autant dire qu’il ne lui déplaît pas.
Depuis sa création en 1800 et plus encore depuis son intégration, en 1998, au système européen des banques centrales, l’institution « BDF » n’a jamais renié son statut de « banque des banques », régulatrice de la politique monétaire unique de la zone euro et garante de la bonne circulation de sa monnaie.
Directrice régionale Poitou-Charentes depuis décembre 2006, après avoir été la première femme nommée à cette fonction, en 2002, en Corse, Elisabeth Tanguy veille à l’accomplissement local des hautes œuvres de sa paroisse.
Derrière la vitrine historique et monopolistique de fabrication et de mise en circulation des billets (2 milliards de coupures fabriquées et livrées selon les dernières statistiques nationales de 2007), les missions de BDF ont gonflé au soleil de la modernité.
Au refinancement des banques (30 milliards d’euros en 2007), à la gestion des réserves de change en or et devises (80,3 milliards d’euros) ou encore au suivi des comptes des établissements de crédits, notamment, se sont adjointes des actions à dimension purement sociale et humaine. « L’aide aux entreprises et au consommateur constitue un volet essentiel de notre engagement », confirme Elisabeth Tanguy, en avançant les chiffres de 2 000 bilans d’entreprises et 1 400 dossiers individuels de surendettement traités l’an passé sur le seul département de la Vienne.
Depuis un an, la Banque de France s’est par ailleurs investie dans la médiation de crédit auprès des entreprises pour faire face à la crise économique. « Une vraie œuvre pédagogique », insiste la directrice régionale.
Plus de fonds depuis quatre ans
Longtemps, le bâtiment central de la rue Oudin, à Poitiers, a fait figure de bastion inexpugnable, quartier retranché du centre-ville. Comme l’image de la Banque de France elle-même, la sienne se dépoussière, peu à peu. « C’est vrai, convient Elisabeth Tanguy, qu’il fallait montrer patte blanche pour venir à nous. Ce n’est plus le cas. Depuis 2005 et l’arrêt des gestions de flux de billets valides à Poitiers, il n’y a plus de transit de fonds. Ca a dégagé bien des horizons. »
De la forteresse d’autrefois, seul un sas sécurisé demeure. « Et encore, il pourrit être rapidement supprimé », sourit Mme Tanguy. Depuis quatre ans, les convoyeurs ne fréquentent plus l’établissement. Depuis seize, les comptes courants ont disparu. L’argent n’est plus vraiment le gardien du temple « Nos cinquante agents se sont orientés vers d’autres impératifs, conclut la directrice. Les statistiques économiques, la médiation, le surendettement, les informations sur et aux entreprises sont notre pain quotidien… » Le pain du renouveau pour une banque des banques plus jamais ouverte sur le monde. Le mythe a vécu.