Initiés par la Loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine de février 2014, les conseils citoyens vont progressivement faire leur apparition dans les quartiers prioritaires de Poitiers. Nouvelle opportunité de développement pour ces territoires ou énième assemblée purement consultative ? Les avis divergent…

Florie Doublet

Le7.info

La riposte n’a pas été longue à s’organiser… Quelques jours après les événements liés à l’abattage des platanes à Beaulieu, le collectif « Sauvons les arbres » a décidé de se constituer en association. Une décision motivée par le « manque de représentativité » du conseil de quartier, selon les adhérents du tout nouveau « Collectif des habitant(e)s de Beaulieu ». Lesquels en appellent à « un fonctionnement plus participatif des habitants ».

Volontairement incisive, la remarque ne plaît guère au porte-parole du conseil de quartier. « Ces assemblées sont ouvertes à tous, rétorque vertement René Pintureau. Pourtant, ce sont toujours les mêmes qui se déplacent. » « Nous ne serons jamais assez représentatifs, abonde Gérard Maury, membre du conseil de quartier des Couronneries. Mais rien ni personne n’empêche les gens qui se plaignent de venir se faire entendre ! »

Dès lors, une question affleure. Comment mobiliser davantage les habitants ? Les conseils citoyens pourraient être une réponse. Initiés par la Loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 24 février 2014, ils visent à « permettre l’émergence et la valorisation d’une expression libre des habitants des quartiers prioritaires ». Par quartiers prioritaires, on entend ceux retenus dans la politique de la Ville. A Poitiers, il s’agit d’une partie de Bel-Air, des Trois-Cités, des Couronneries et de Beaulieu. Leur mise en place est prévue pour cette année, sans qu’un calendrier précis ne soit toutefois arrêté.

« Dans le flou »

Afin d’être le plus représentatifs possible, ces conseils seront composés d’un collège d’habitants, dont certains tirés au sort, et d’un collège d’associations et d’acteurs locaux (lire encadré). « L’objectif est de donner la possibilité aux « sans voix » de faire valoir leurs idées, assure Christine Burgères, élue en charge de la Politique de la Ville. C’est important de le souligner car ce conseil sera co-constructeur du contrat de Ville, en partenariat avec les instances de l’Etat, les bailleurs sociaux, les chambres de commerce, de métiers, la Caf, Pôle Emploi… »

Leurs rôle et fonctionnement laissent néanmoins dubitatifs certains Poitevins impliqués dans la vie de leur quartier. « On ne sait pas vraiment s’ils vont remplacer les comités ou les conseils. Pour le moment, c’est encore flou », déclare Roland Brevet, ancien président du comité de Poitiers-Ouest. René Pintureau ne cache pas, lui non plus, une certaine réserve. « Malgré tout ce que l’on peut entendre, le conseil de quartier de Beaulieu fonctionne bien, assure-t-il. Je trouverais dommage qu’on le supprime, car les deux instances pourraient être complémentaires. »

À cette observation, Christine Burgères coupe court : « La loi prévoit que le conseil citoyen se substitue au conseil de quartier. Il est important de ne pas multiplier les dispositifs. Mais rien n’empêchera cette nouvelle assemblée de traiter de sujets du quotidien comme, par exemple, les problèmes de trottoirs. » Ou d’abattage d’arbres ?

 

Quelles modalités de désignation ?
Les conseils citoyens devront être paritaires. Ils seront constitués d'un collège d'habitants :  dix tirés au sort sur les listes des bailleurs sociaux et de seize autres, « volontaires » (et autant de suppélants). Un appel à candidature sera lancé pour identifier les acteurs et associations (parents d’élèves, commerçants, médecins…) pour constituer le second collège. Le conseil citoyen  pourra prendre la forme d’une association ou d’un simple collectif.

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