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Roger Sapin. 100 ans. Ancien gendarme à Poitiers. Vient de recevoir la Légion d’Honneur pour avoir défendu la France pendant la Seconde Guerre mondiale. De nature joviale et toujours plein de vie, ce centenaire a bien l’intention de battre un record de longévité.
Jeudi 21 mai. Jour de « consécration » pour Roger Sapin. Sur l’élégant costume gris du centenaire, la préfète Christiane Barret vient d’épingler les insignes de la Légion d’honneur. Une distinction qui récompense le courage et la bravoure dont il a fait preuve lors de la Seconde Guerre mondiale.
L’ancien combattant n’a rien oublié… Certains souvenirs sont marqués au fer rouge dans sa mémoire. Notamment le fameux épisode « de la camionnette et des Allemands » que Roger Sapin ne se lasse jamais de raconter. Il faut dire que, cette nuit-là, il a côtoyé la mort… « C’était en août 1944. J’étais gendarme à Barbezieux en Charente. Nous devions obéissance au Maréchal Pétain, mais certains d’entre nous ont choisi d’entrer en résistance. Nous étions sept gendarmes à vouloir rejoindre l’armée secrète. Un soir, alors que nous circulions à bord d’une camionnette, nous sommes tombés sur un barrage allemand. Nous avons entendu « Papiere ! » (« Vos papiers ! », Ndlr). L’un de mes camarades a tiré deux balles. Moi, je suis descendu avec ma mitraillette sous le bras. Je n’ai pas réfléchi… Je les ai arrosés ! Vous savez, on ne faisait que défendre notre peau. »
Témoin de l’Histoire
Dans la fusillade, trois résistants ont perdu la vie. Roger lui s’en est « bien sorti ». « Avec tous les risques que j’ai pris, c’est incroyable… », souffle-t-il. La Guerre a cependant laissé des cicatrices indélébiles. « J’ai été traumatisé, même si, pour moi, tout s’est bien terminé. » Aujourd’hui, Roger ne garde « aucune haine ». Au contraire, il voue une admiration sans borne à De Gaulle et Adenauer, deux hommes ayant réussi à « rétablir la paix entre deux pays qui se détestaient ». « Qu’on puisse redevenir amis, c’est quelque chose d’extraordinaire. »
Le Poitevin a été le témoin des grands bouleversements de notre histoire. Mais il a également assisté à de véritables révolutions sociétales. « Papy, tu avais 2 ans lorsque fut créée la première lampe à incandescence au gaz, puis suivirent le tube à rayon X, la relativité universelle, les réfrigérateurs, le micro-ondes, la radio, le cinéma, l’insuline, le BCG de Camille Guérin, la bombe nucléaire, la guerre froide, la construction de l’Europe… », énumère l’une de ses arrière-petites-filles dans un texte rédigé à l’occasion du centième anniversaire de Roger. « J’ai bien profité du progrès, c’est indéniable », affirme-t-il. Ses parents, agriculteurs à Payré, s’éclairaient à la lampe à pétrole. « L’électricité, c’est quand même quelque chose ! ». L’arrivée de la télévision dans le foyer a également constitué un « formidable moment ». « Je me demande où va s’arrêter le progrès, s’interroge- t-il. Moi, je ne peux plus suivre… »
« Je me sens aimé »
Roger n’envoie pas de texto et ne surfe pas sur Internet. Il préfère titiller le cochonnet et taper le carton à la belote avec ses amis de la Gibauderie. « Je me sens aimé », assure-t-il. C’est peut-être cela le secret de sa jeunesse de corps et d’esprit… « Je ne sais pas pourquoi je vis si vieux. Le destin m’a été favorable. Cela m’a permis de voir grandir mes trois arrière petites- filles. Et ça, c’est une grande joie. » Pour elles, Roger ne souhaite que le meilleur dans leur vie personnelle et professionnelle. « Depuis ma jeunesse, il y a tellement de choses qui ont changé… Avant, la femme était l’esclave de l’homme. C’était lui le patron. Je suis heureux pour mes arrière-petites- f-illes que cela ne soit plus comme cela. Il y a quand même une sacré évolution. Tenez, c’est une dame qui m’a remis la Légion d’honneur ! Et puis, j’ai aussi rencontré la commandante de la compagnie de gendarmerie de Poitiers. Elle a cent cinquante hommes gradés sous ses ordres. Elle est formidable cette jeune femme », assure-t-il dans un éclat de rire.
La joie de vivre n’a jamais quitté notre homme. La mort, il y pense parfois… « Je me demande combien de temps je resterai encore sur cette Terre. Mais je crois que je vais vivre encore un bout de temps. J’espère assez pour découvrir mes arrière-arrière-petits-enfants. » C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
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Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.