Prison : des familles à la peine

Cette année, à travers le thème « La prison, une peine familiale », les Journées nationales prison mettent en lumière les effets d’une incarcération sur les proches des détenus. Deux rendez-vous sont programmés à Poitiers.

Claire Brugier

Le7.info

En 2023, le thème était 
« Sortir de prison, comment réussir l’après ? », en 2022 
« Pauvreté dedans, pauvreté dehors », en 2021 « Prison : une communauté à part »… Cette année, les Journées nationales prison, organisées en France du 25 au 30 novembre par la Fédération des associations réflexion-action prison justice (Farapej), s’attachent moins au sort des détenus qu’à celui de leurs familles. « La prison, une peine familiale » n’est pas une question mais bel et bien une affirmation.

« En théorie, il n’y a qu’une seule personne condamnée, mais dans la réalité c’est toute une famille qui trinque, résume Michel Massé, le président du Groupe départemental concertation prison (GDCP). Ce qu’on appelle « le choc carcéral » est en partie vécu par la famille. Un soir, papa n’est plus là... » 
Restent alors les temps de parloir, quatre par jour du mardi au samedi au centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne, qui dispose par ailleurs d’une unité de vie familiale depuis 2009. « Les parloirs sont quasiment tous complets », constate Brigitte Guillon, la présidente de l’Aire(*). L’association, membre du GDCP, accueille les familles « avant mais aussi après les parloirs, car elles ont parfois besoin de souffler, ou de parler avant de reprendre la route. Elles viennent majoritairement de la Vienne, des Deux-Sèvres et de la région, mais certaines font le déplacement depuis Lyon, Marseille ou Paris. » Parce que le transfert du détenu n’a pas été possible pour une raison judiciaire… ou à cause de la surpopulation carcérale.

Changer le regard

En 2023, 18 090 personnes, dont 2 528 enfants, ont fait étape à l’Aire, dont la permanence est installée à quelques dizaines de mètres du centre de détention. « Nous avons un rôle de conseil pour les démarches administratives mais surtout d’écoute, insiste Brigitte Guillon. L’incarcération est parfois un choc pour la famille qui la subit de plein fouet, surtout lors d’une première incarcération. Elle s’interroge : qu’est-ce que j’ai fait ? Pourquoi en est-on arrivé là ? Qu’est-ce que je n’ai pas vu ?, énumère la bénévole. Cela peut aussi avoir un gros impact financier si l’incarcération signifie la perte d’un revenu pour le foyer, à laquelle s’ajoutent les frais pour venir au parloir. » Enfin, il y a « le regard des autres qui pèse ». « Parfois les conjointes ou conjoints n’en parlent même pas à leur propre famille, à leurs amis. Il n’y a qu’avec nous qu’ils peuvent se vider de leurs émotions. » Une réalité que ces Journées veulent mettre en lumière. « On espère faire évoluer le regard des gens sur les familles, qui ne sont pas responsables de ce qu’a fait la personne détenue. »

A Poitiers, le GDCP, avec le soutien de l’Ordre des avocats, propose le 25 novembre, à 20h30, à la Maison de la Gibauderie, une représentation de Prison, d’Aymeri Suarez-Pazos (entrée libre, au chapeau), puis le 
27 novembre, à 18h, une conférence-débat à la fac de droit (43, place Charles-de-Gaulle).

(*)Accueil, information, rencontre, écoute des familles et ami(e)s de personnes détenues.

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