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Un pédopsychiatre du centre hospitalier Laborit à Poitiers et des statisticiens ont mis au point une thérapie pour éviter que les jeunes n’enchaînent les accidents de la route.
C’est un véritable fléau. Aujourd’hui encore, les accidents de la route sont l’une des causes principales de mortalité et d’hospitalisation des jeunes de 15 à 24 ans. Dans ce contexte, une équipe de pédopsychiatres et de statisticiens conduite par le Pr Ludovic Gicquel, chef du pôle universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du centre hospitalier Laborit à Poitiers, s’est lancé le défi fou de réduire le risque de récidive des jeunes impliqués dans un accident de la circulation. Très vite, ils ont été soutenus financièrement par les fondations Maif et Vinci autoroutes, intéressées par la question.
Près de 2 300 jeunes adultes (conducteurs, passagers, piétons, cyclistes…) admis dans l’un des douze services d’urgences du Grand Ouest partenaires de l’étude ont d’abord été soumis à un questionnaire. L’objectif ? Evaluer leur score sur l’Echelle d’évaluation des circonstances de l’accident et du risque de récidive (EECARR). Ces facteurs psycho-sociaux ont été identifiés il y a plusieurs années par un autre Poitevin, le Pr Daniel Marcelli. Le résultat est édifiant : un jeune sur quatre ayant été blessé dans un accident de la circulation risque d’avoir un nouvel accident dans l’année qui suit… Là où ce protocole de « recherche-action » baptisé EECARR2 est intéressant, c’est qu’il ne se contente pas constater, il propose aussi des solutions.
Deux fois moins d’accidents
Parmi les individus diagnostiqués à risque, environ 300 ont accepté de poursuivre l’expérience. La moitié a donc été invitée à participer à des ateliers de thérapie psychologique en petits groupes, l’autre non. « Ces séances abordaient trois thèmes : le rapport aux autres, les émotions et la perception du risque. Pas dans une dimension culpabilisatrice ou moralisatrice, mais avec l’idée que chacun trouve ce qui est bon pour lui », précise le pédopsychiatre. Bingo ! Les jeunes qui ont bénéficié d’un accompagnement psychologique ont deux fois moins récidivé que les autres dans l’année qui a suivi. Cette thérapie fonctionne particulièrement bien sur deux facteurs déterminants de la récidive : la difficulté à rester concentré sur une tâche et la dépression.
Cette étude a duré plus de trois ans, elle n’a donc pas vocation à rester dans un placard. « Nous travaillons sur une version dématérialisée, une application contenant le questionnaire et des modules d’aide psychologique. Nous sommes soutenus par le ministère de l’Intérieur pour la diffuser dans tous les services d’urgences », assure le Pr Gicquel. Et pourquoi ne pas intégrer cette méthode aux stages de récupération de points ? L’idée est sur la table…
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lundi 23 décembre