Le 7 consacre une série aux supporters. Dernier épisode avec la section 75, groupe poitevin qui soutient le club de football de l’AS Saint-Etienne depuis plus de trente ans. Rencontre avec son président Patrick Beau, investi depuis les débuts de l’association.
L’exercice 2021-2022 de l’AS Saint-Etienne aura été éprouvant de bout en bout, conclu par un bien triste épilogue, le 30 mai dernier. A la défaite contre l’AJ Auxerre (1-1, 4-5 aux tirs au but), scellant alors la descente des Verts en Ligue 2 la saison prochaine, se sont ajoutés l’envahissement de la pelouse et les jets de fumigènes vers la tribune présidentielle par des supporters en colère. Devant ce sinistre spectacle, Patrick Beau ne s’est guère éternisé dans les gradins de Geoffroy-Guichard. « Quand j’ai vu les premières personnes envahir le terrain, je suis parti. Ce genre d’action ne m’intéresse pas, c’est nul », balaye cet habitant de Fontaine-le-Comte, davantage remonté contre Claude Puel, l’entraîneur qui a entamé la saison. « Il nous laisse à 12 points en décembre, c’est inadmissible ! »
Patrick préside depuis huit ans la « section 75 », un rassemblement poitevin des Associés supporters de l’AS Saint-Etienne, parmi les cinq plus importants en France. Il en a déjà vécu des descentes (1984, 1996 et 2001), mais rarement dans une ambiance aussi délétère. « Il y a trente ans, il n’y avait pas ce climat dans le stade, c’était bon enfant, regrette le retraité. Il faut éradiquer ces mouvements de supporters qui foutent la pagaille. Le club est responsable, mais la Ligue aussi. » Patrick espère ainsi des sanctions contre les fauteurs de troubles plutôt qu’au détriment du club (huis clos, retrait de points). La commission de discipline de la Ligue de football professionnel statuera le 23 juin.
« L’ambiance fait
qu’on s’investit »
Lui est tombé dans la marmite -ou plutôt dans le Chaudron- après avoir assisté à la finale de la Coupe de France 1970 contre Nantes, remportée par les Stéphanois (5-0). « Avec les Jacquet, Herbin, Keita… Ils m’ont tous ébloui ce jour-là, se souvient Patrick. Derrière, il y a eu la grande épopée des Verts, qui a tiré le football français vers le haut et ce championnat d’Europe en 1984. » Son attachement au club dix fois champion de France ne s’est jamais atténué depuis. Même privé de matchs, au plus fort de la crise sanitaire, cet ancien salarié de Dassault a occupé son temps en peignant son abri de jardin aux couleurs de l’ASSE !
Présent depuis les débuts de la « section 75 », Patrick Beau ne ménage pas ses efforts pour faire vivre la passion des Verts sur le territoire. « Les adhérents aiment bien se retrouver, ça crée une émulation sympa, indique-t-il. Cette ambiance fait qu’on s’investit. » Dès qu’un nombre suffisant de supporters locaux est réuni, il organise des déplacements à Geoffroy-Guichard ou à l’extérieur, les week-ends de matchs. « Dernièrement, on a rempli un car de 50 places vers Bordeaux. Une année, on en avait même fait partir trois ! »
Ligue 2 oblige, l’ancien joueur amateur passé par l’US Chauvigny s’attend à une baisse de ses effectifs la saison prochaine. Mais il veut croire à une rapide renaissance de l’ASSE. « Le club va être racheté, on verra quel sera le projet… J’espère qu’on va remonter dès l’année prochaine. »