Hier
Les témoignages recueillis par les étudiants poitevins en master de management du sport apportent un éclairage particulier sur la manière très progressive dont s’opère le rapprochement entre le bourreau et sa victime. Ils racontent aussi pourquoi elles n’ont pas osé en parler.
Un rapprochement très progressif
Gloria(*), 22 ans, a longtemps fait de la natation à un niveau régional. A l’âge de 12 ans, elle a été victime de violences sexuelles par l’un de ses entraîneurs : « Ça a commencé par des bisous volés lors des entraînements quand les autres avaient le dos tourné, des caresses, des mains baladeuses. Et puis il en demandait de plus en plus. Ensuite sont arrivés les vrais câlins où il me déshabillait, les bisous étaient de plus en plus limite, les mains également… Il me demandait de l’affection aussi que je le caresse, que je l’embrasse partout (...) Une semaine après, j’ai cédé pour le rapport sexuel… » Cindy, 21 ans, est aujourd’hui joueuse professionnelle de volley-ball. Au cours de sa formation, elle a été témoin de comportements malsains du coach-adjoint de son club, une « relation copain-copine pas hyper adaptée » qui, au départ, ne la dérangeait pas. Mais peu à peu, les choses ont changé. « Au début c’était juste verbal, puis au fur et à mesure il a pris confiance, un jour pour rigoler je l’ai vu essayer de dégrafer le soutien-gorge d’une fille qui avait oublié sa brassière de sport. (…) Avec certaines filles, dont une en particulier, il a commencé à être vraiment insistant et c’est carrément tombé dans la séduction. (…) Au niveau de son comportement, il était de plus en plus tactile. Des fois, pour corriger des gestes techniques comme le service, il se collait vraiment aux joueuses. Pendant la prépa physique ça lui arrivait aussi de toucher des endroits un peu particuliers en prétextant chercher des points de douleurs. »
En parler, c’est dur
Spécialiste de sport acrobatique, Agathe, déjà majeure, a entretenu une relation pendant quelques mois avec son coach, avant de se rendre compte qu’il avait des gestes déplacés avec d’autres filles, dont sa petite sœur. « Je n’en ai pas parlé, je me sentais mal à l’aise, tout le monde était au courant de ma vie intime avec lui, indique-t-elle. Je ne savais plus où me mettre dans l’équipe, surtout qu’il a le poste d’entraîneur. » Sa sœur et elle ont quitté le centre de formation contre leur gré. Du côté de Gloria, c’est sa mère qui a découvert le pot aux roses en fouillant dans son portable : « J’ai été punie de téléphone et bim elle est tombée sur tous les messages. » Gloria a carrément arrêté la natation : « Les infos ont fuité et tout le monde me regardait de travers et parlait dans mon dos. Au collège, j’ai été catégorisée comme la plus grosse pute. » A 15 ans, pas simple de dénoncer les abus sexuels de son coach, reprend Cindy : « Ce sont de graves accusations, on avait un peu peur de tout ce que ça pouvait engendrer au final. Puis c’est bizarre mais mon amie culpabilisait du fait que le coach puisse avoir de gros problèmes. Du coup on essayait toutes de dire à nos parents qu’on ne se sentait pas trop à l’aise avec lui, qu’il n’était pas un très bon coach mais on faisait plus passer ça sur le dos d’une mauvaise pédagogie. »
(*)Tous les prénoms ont été changés.
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