Aujourd'hui
La rédaction du 7 consacre une série aux Poitevins expatriés dont le parcours sort de l’ordinaire, mais aussi aux étrangers ayant jeté l’ancre dans la Vienne. Rencontre avec Marilène Mauriello, Poitevine devenue productrice musicale en Martinique, où elle habite depuis maintenant trente-huit ans.
Racontez-nous
votre enfance…
« Je suis née à Blaslay, au domicile de mes parents. Mon père est mort quand j’avais un mois. J’ai des sœurs jumelles, avec lesquelles j’ai six ans de différence. J’ai eu une enfance agréable, dans une famille modeste. J’ai été élevée par mes grands-parents paternels, à la campagne, au contact de la nature. C’est quelque chose de primordial pour moi, j’ai inculqué ces valeurs-là à ma fille. »
Petite, à quoi rêviez-vous ?
« Je voulais être psychologue !
(rire) Depuis toute petite, j’ai cette envie de comprendre les gens, d’être à leur écoute. »
Quelles études
avez-vous faites ?
« Je suis allée au collège à Neuville, puis au lycée Victor-Hugo, à Poitiers. Ensuite, je me suis orientée vers un BTS de comptabilité au Dolmen. Vers mes 12 ou 13 ans, mon beau-père nous demandait de l’aider aux factures, pour son entreprise de travaux publics. J’aimais bien les chiffres… Enfin, je ne sais plus si c’était les mathématiques ou le professeur que j’aimais bien ! (rire) Pendant les vacances, je travaillais au Paradis des Enfants, un immense magasin de jouets en centre-ville de Poitiers. Après le BTS, j’ai rapidement trouvé un poste de comptable chez un paysagiste. »
Votre carrière
en quelques mots ?
« Jean-Michel, mon mari, avait deux boutiques de prêt-à-porter à Poitiers et était batteur de jazz. En 1983, je suis partie avec lui en Martinique, d’où il était originaire. J’ai eu un peu peur de tout quitter, ma mère a pleuré… Un an après, on a monté un studio d’enregistrement à Fort-de-France puis Hibiscus Records, notre société de production musicale. On a produit environ trois cents albums, surtout de musique traditionnelle : Kali, Eugène Mona, Ti Emile… On a aussi fait un peu de zouk, notamment avec Kwak qui a fait une grosse concurrence à Kassav’. Eux, ils ont cassé le groupe en embauchant leur pianiste et directeur artistique !
Entre 1992 et 1998, j’ai aussi eu un magasin de musiques du monde de 250m2 à Montréal. Puis en 2008, à la mort de mon mari et alors que l’industrie du disque devenait moins rentable, je me suis lancée dans l’immobilier. Aujourd’hui, j’ai des locaux commerciaux, un appartement à Paris, un au Diamant… Je voyage beaucoup à travers mes locataires ! »
Un tournant
dans votre carrière ?
« Ma rencontre avec mon mari. C’était un artiste, on avait sympathisé après un concert qu’il avait donné au Piano Blanc, à Poitiers. On lui a souvent dit que la musique ne pouvait être qu’une passion, pas un métier… Et il a prouvé le contraire. Dans l’entreprise, on avait chacun notre rôle. Mes passions étaient la gestion et la communication, mais j’ai appris avec lui tous les rouages de la production. Il n’y a pas un soir où je n’allais pas écouter des artistes. »
La Vienne vous a marquée pour…
« Le centre-ville de Poitiers, je m’y promène dès que je reviens. Je vais aussi beaucoup à la campagne, près de Vendeuvre, où habitent encore mes parents. Si je songe à revenir y vivre ? Je ne pense pas. En métropole, c’est un peu chacun pour soi, les gens sont plus individualistes qu’en Martinique. »
Quelle est selon vous la personnalité qui symbolise
le plus la Vienne ?
« Ça fait longtemps que je ne me suis pas intéressée aux Poitevins… Comme ça, je pense au philosophe Michel Foucault, quelqu’un qui a écrit de belles choses je crois. »
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