Hier
Les Semaines d’informations sur la santé mentale se déroulent jusqu'au 3 avril. Pour la première fois, quinze lieux d’accueil de personnes souffrant de troubles psychiques ouvrent leurs portes au public. Notamment le Groupe d’entraide mutuelle, qui s’est installé dans une « maison » originale et entièrement gérée par ses usagers.
Le rendez-vous est fixé dans une jolie maison au portail blanc, située au numéro 13 de la rue de Salvert, en haut de la Cueille-Mirebalaise, à Poitiers. Dans le grand salon, une dizaine de personnes jouent aux cartes tandis qu’Anne-Marie papouille Minette, la chatte qui a élu domicile entre ces murs « Je suis arrivée ici après le suicide de mon mari. Je suis tombée en dépression pendant un an. Tout le monde m’a tourné le dos. Ici, on ne sent jamais seul, on se comprend entre nous. » Très impliquée dans la vie du lieu, elle a pris la présidence de l’association Au bonheur du Gem, qui gère ce Groupement d’entraide mutuelle (Gem) depuis sa création en 2005. Car ici, ce sont les adhérents qui décident de tout ou presque. Ils sont une quarantaine à souffrir d’une maladie ou à avoir été victimes d’une « fracture de vie » qui a engendré des troubles psychiques. Certains ont été orientés vers ce lieu par des professionnels de santé, d’autres l’ont découvert grâce au bouche-à-oreille. La plupart ont pour point commun de s’être retrouvés isolés, sans solution, à la sortie de l’hôpital ou une fois à la retraite.
La confiance règne
« Personne n’habite dans cette maison, et ce n’est pas un centre de soins, précise Stéphanie Leclere. Les adhérents viennent quand ils en ont envie. » Salariée de l’Udaf, gestionnaire financier du Gem(*), elle accompagne les membres dans la réalisation de leurs projets. Comme des expositions, des voyages, un restaurant, une séance de cinéma ou encore cette installation de tricot urbain encore visible sur les arbres du square voisin. C’était en 2019 pendant les Accessifs, le festival anti-préjugés sur le handicap, qui se déroule en mai. « Cette opération nous a permis de nous intégrer dans le quartier, se souvient Anne-Marie. On a quitté récemment notre ancien local des Couronneries. Au début, le regard des gens était difficile à supporter. Aujourd’hui, les voisins nous amènent des prunes. » Tout le monde espère d’ailleurs que le public viendra en nombre pour les rencontrer lors des portes ou- vertes du Gem, mardi 17 mars de 11h à 17h.
Cette maison est aussi une base arrière, où les usagers viennent trouver la force d’affronter le monde extérieur. L’ambiance y est conviviale. Bernard et Gabriel ont toujours le mot pour rire. Françoise et Marie-Christine font partie des bénévoles qui animent régulièrement des ateliers ou viennent tout simplement pour discuter. « Plus qu’un lieu d’activités, c’est un lieu de vie », renchérit même Michèle, salariée pendant quarante-trois ans. Ses troubles sont apparus à la retraite. Pour elle, le Gem a été comme un tremplin : « Au début, je venais tous les jours, c’était une question de survie. Aujourd’hui, j’y suis toujours bien mais je fais aussi quelques escapades ailleurs ! » On en sort comme dans toute association avec ce supplément de bienveillance qui aide à se reconstruire.
(*)Marraine du Gem, l’Unafam veille au respect de la vocation de l’association.
Contact : 05 49 55 96 75.
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