Dans l'intimité  de De Gaulle

Gabriel Le Bomin choisit de dresser le portrait de De Gaulle au cours de la quinzaine qui a précédé l’Appel du 18 Juin, en débusquant l’homme derrière le grand homme. Le propos est audacieux, la réalisation plus convenue.

Claire Brugier

Le7.info

Un tendre baiser, des regards qui se croisent. Dès les premières images, Gabriel Le Bomin donne le ton de ce premier biopic consacré à De Gaulle. Le réalisateur de Nos Patriotes mais aussi de plusieurs documentaires sur des conflits historiques place sa caméra là où les images d’archives ne sont jamais allées, dans l’intimité de Charles et Yvonne De Gaulle. Derrière le personnage historique, il cherche l’homme, le mari, le père, évitant ainsi l’écueil du déjà-vu, d’une fiction qui ne serait que la pâle copie de documentaires plus vrais que nature. Il traque derrière l’image austère d’Yvonne (Isabelle Carré tout en regards) une femme et une mère dans la tourmente de la guerre. Il joue sur le constraste entre le décor étrangement bucolique de l’exode et les beaux salons aux parquets bruyants où militaires et politiques débattent de l’avenir de la France. Il s’amuse à dépeindre les faiblesses du Président du Conseil Paul Reynaud, le maréchal Pétain derrière une moustache acerbe et déterminée ou encore Winston Churchill, grand buveur et fumeur de cigares. Dans un temps resserré, qui court du 28 mai 1940 au lendemain de l’Appel du 18 Juin, Gabriel Le Bomin ne s’embarrasse pas toujours de nuances, au risque parfois de frôler la parodie... Etait-il nécessaire d’affubler Churchill et De Gaulle de ces accents épais ? De suivre Pétain et son futur ministre de la Guerre Weygand jusque dans les pissotières ? Malgré tout, on savoure le privilège d’assister à ces face-à-face et on goûte à l’audace du propos, servie avec justesse par les acteurs. Lambert Wilson incarne sans le singer un homme inquiet pour la France et pour les siens, et tout particulièrement pour sa cadette Anne, sa « toute petite » atteinte de trisomie. Isabelle Carré se glisse dans la peau d’une Tante Yvonne silencieuse et volontaire. Sans révolutionner le genre, ce premier biopic sur De Gaulle tient ses promesses.

Film de Gabriel Le Bomin, avec Lambert Wilson, Isabelle Carré, Olivier Gourmet (1h48).

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