Comme trois autres régions françaises, Poitou-Charentes mène, depuis plus d’un an, une expérimentation autour du contrôle renforcé des demandeurs d’emploi. Le directeur régional de Pôle Emploi évoque des « résultats positifs ».
Aujourd’hui en France, un conseiller Pôle Emploi gère, en moyenne, soixante-dix demandeurs d’emploi. Dans la région, le chiffre tombe à cinquante- cinq. N’empêche qu’avec autant de « clients » à suivre, il est compliqué de mener à bien un accompagnement et un contrôle d’une même efficience. C’est la raison pour laquelle Poitou-Charentes a accepté de relever le gant du « contrôle renforcé de la recherche d’emploi ». « Cette expérimentation n’était pas une enquête sociologique et ne visait pas à couvrir le champ de la lutte contre la fraude », balise d’entrée Gwenaël Prouteau, directeur régional de Pôle Emploi.
Depuis le 20 juin 2013, quatre conseillers se consacrent exclusivement à la tâche. Ils étudient 3907 dossiers, dans le bassin de La Rochelle. Des demandeurs d’emploi de catégorie A, certes, mais pas seulement. « Nous avons tenu compte du marché du travail local, ainsi que des métiers porteurs… » Les résultats de cette expérimentation grandeur nature sont autant quantitatifs que qualitatifs. Deux chiffres sont à retenir : 84% des demandeurs d’emploi respectent leur obligation de recherche d’emploi. 13,3% (523) ont fait l’objet d’une radiation administrative, mais 281 d’entre eux (60%) se sont réinscrits au bout de quinze jours. Une infime minorité est donc sortie des fichiers.
« Un effet de redynamisation »
Voilà pour les principaux chiffres. Au-delà, « beaucoup de demandeurs d’emploi ont apprécié d’être appelés, témoigne Gwenaël Prouteau. ll y a un effet de redynamisation incontestable. Non seulement les conseillers ont mis en cohérence certaines situations, mais ils ont aussi ouvert des possibilités (Ndlr : formation, reclassement…) à des personnes qui ne les soupçonnaient pas. » En résumé, le contrôle de la recherche d’emploi aurait des vertus insoupçonnées. Reste à savoir si Pôle Emploi généralisera le dispositif dans la France entière. Dans l’attente d’une décision qui devrait intervenir en mars 2015, Poitou-Charentes va poursuivre dans cette voie.
Il faut dire que les chiffres du chômage sont, ici comme partout dans l’Hexagone, très dégradés. A la fin août, la région comptait 84 952 demandeurs d’emploi de catégorie A, c’est-à-dire n’ayant exercé aucune activité dans le dernier mois. Si la conjoncture économique est en cause, les freins à la mobilité géographique et professionnelle accentuent cette impression de statu quo. Là-dessus aussi, les conseillers Pôle Emploi ont du boulot…