MMA cherche respectabilité

Longtemps affublé d’une image de sport ultra-violent, le Mixed martial arts (MMA) se développe dans nos contrées sous une forme plus pédagogique. Les combats sont d’ailleurs interdits en France. Immersion à Chasseneuil.

Arnault Varanne

Le7.info

Des cages dorées. Un public en liesse. Beaucoup d’argent en jeu. Et des combats bodybuildés très sanglants. Voilà l’image que le MMA véhicule sur le net. Dans la réalité, cette forme ultime d’arts martiaux revêt des atours plus policés. Dojo des Ecluzelles, jeudi dernier. Une quarantaine d’hommes et de femmes écoutent, en silence, les consignes de Lionel Lombardi et Grégory Morencio. Le premier fut champion de France de boxe-thaï en 1991, le second est ceinture noire 4e dan de judo. Les deux se sont glissés dans les habits de professeurs de Mixed martial arts. L’un enseigne l’art du pied- poings, l’autre du combat au sol, au sein du vénérable Futur-ô-Club. Un club en cours d’affiliation auprès de la Commission nationale de MMA, fondée par l’ancien judoka Bertrand Amoussou.

Sur le tatami, aucune agressivité, encore moins de mauvais coups échangés. « Ce n’est pas l’esprit, les bagarreurs peuvent rentrer chez eux ! », plaisante Fred. « Personnellement, je suis informaticien dans le public, je ne peux pas me permettre de revenir avec un œil au beurre noir toutes les semaines », abonde de son côté Christophe. Une simple «démo» a achevé de le convaincre que ce « sport ultra-complet » était fait pour lui. Il y a là des ingénieurs de l’Ensma, des chefs d’entreprise, un médecin. Et puis Norbert, 63 ans au compteur et heureux de « se défouler ».

« Pas des barbares »

Loin de l’image d’Epinal et virtuelle du MMA, Futur-ô-Club s’attache aujourd’hui à promouvoir la discipline de manière «pédagogique». Et ça marche ! Près de soixante-cinq aficionados s’y adonnent toutes les semaines. Et encore, le club limite leur nombre pour qu’il n’y ait pas engorgement sur le tatami. Ce succès s’explique sans doute par « un apprentissage plus rapide qu’au judo », dixit Grégory Morencio. « On peut tout de suite s’amuser et c’est moins traumatisant... Nous ne sommes pas des barbares et chacun va à son rythme. » L’engouement pour le MMA pourrait pâtir du manque de compétition. Le ministère des Sports n’autorise en effet aucun combat sur le sol français. Mais en réalité, le passage des « Mitaines », qui sanctionne un certain niveau de pratique, suffit au bonheur des adeptes.

Ici, pas question de faire mal, mais juste de se faire mal. La nuance est ténue, mais fondamentale. « Le plus grand combat que l’on mène, c’est contre soi-même », avoue Lionel Lombardi. Et aussi un peu contre la génération Fight Club, avide de sensations fortes. L’image de bad boys, enfermés dans une cage, collera sans doute longtemps au MMA. Une sorte de fascination-répulsion qui sert aussi ses intérêts. On ne peut pas tout avoir...


Futur-ô-Club en deux mots
Lancé en 1995, Futur-ô-Club compte près de 230 licenciés, répartis entre Chasseneuil, Saint-Georges, Migné-Auxances et Saint- Cyr. Il compte un permanent et propose des cours de judo, taïso, bodycombat et MMA éducatif. Infos sur futur-o-club.com/judo

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