Siegfried Burgeot. 39 ans. Homme de réseaux, cet informaticien du Centre régional d’information jeunesse (Crij) organise des sessions de coworking chaque mois, à Poitiers. Initiateur de la lettre ouverte aux candidats pour une ville numérique, ce batteur aime provoquer les rencontres, espérant qu’il en ressorte quelque chose de bon.
Avant de fréquenter la médiathèque François-Mitterrand, Siegfried Burgeot a commencé par la construire... Enfin, pas très longtemps. Il arrive à Poitiers à l’âge de 20 ans pour suivre sa compagne, qui vient y faire des études. Son bac professionnel de chef de chantier obtenu un peu par hasard, il trouve son premier boulot dans le bâtiment. « Mais couler du béton dehors, en plein mois de janvier, j’ai vite compris que ce n’était pas fait pour moi ! »
Désormais, c’est là, à la médiathèque, qu’il fixe ses rendez-vous professionnels. « Il n’existe pas d’autre lieu public où l’on peut entrer gratuitement pour discuter sans être obligé de consommer », renchérit l’intéressé. Les sessions de coworking, qu’il a lancées en septembre 2013, sont d’ailleurs nées de ce constat. Tous les derniers jeudis de chaque mois, un groupe d’une trentaine de salariés et d’indépendants se réunissent, pour briser la solitude, partager des expériences tout en restant productifs. L’occasion pour les membres de découvrir leurs activités respectives et, pourquoi pas, d’engager des collaborations.
Objecteur de conscience
Ce n’est pas un hasard si l’idée est venue de lui. Siegfried Burgeot est un « coworker » né. Son principe : mettre les gens en relation. « Beaucoup de créateurs font des choses de leur côté, sans savoir qu’ils pourraient collaborer avec leur voisin et viser plus haut. Je veux qu’ils se rencontrent. » Cet homme de réseau a un tempérament de rassembleur. « Mes amis m’appellent l’activateur de projets », confie-t-il. Et pour jouer ce rôle, quel meilleur poste d’observation que le Centre régional d’information jeunesse (Crij) ? Rue Gambetta, il est chef de projet dans les systèmes d’information depuis 1997. Encore des réseaux... Siegfried a intégré cette association pour échapper au service militaire. « Je suis devenu objecteur de conscience, car je rejette totalement les armes. Aujourd’hui encore, mes deux garçons n’ont pas le droit de jouer avec des fusils en plastique. »
Passionné d’informatique, il a créé son auto-entreprise, spécialisée dans le développement de sites Internet, afin de répondre à la demande des associations gravitant autour de lui. « Je forme les clients pour qu’ils soient ensuite autonomes. » C’est un peu l’école que ce Rochelais a toujours rêvé d’avoir, lui qui a redoublé trois fois. « J’étais plutôt dans l’action. Recracher des théorèmes de maths par cœur ne me plaisait pas. » L’action, justement. Il n’hésite pas à mettre ses idées sur la place publique lorsque ça vaut le coup. En novembre, sa lettre ouverte aux candidats « pour une ville numérique » -rédigée avec Philippe Baudelot de Toutpoitiers.com- a eu son petit effet dans la campagne. Après cela, tous les programmes ont mentionné des projets d’open data, de smartcity et d’espaces de coworking... Mais pas de quoi l’attirer vers la politique. Ce serait se fermer des portes, alors que lui consacre sa vie à les ouvrir.
Cette vie-là, Siegfried Burgeot la voit de « manière globale ». En rassembleur. Dans son boulot comme dans le privé. En tant que bénévole ou batteur pour le groupe Lüdmilä, qui tourne dans le Grand Ouest depuis dix ans déjà. Ce « geek » n’a qu’un seul numéro de mobile et le diffuse généreusement. A tel point que son épouse lui retire tout moyen de communication pendant les vacances ! « Je retrouve, dans mes projets, des gens avec lesquels j’ai fait de la musique il y a dix ans. Mes univers s’entrecroisent. En fait, je crois que j’aime bien me faire des copains ! » Une manière, peut-être, de compenser l’absence d’une famille perdue de vue.
Comme tout bon batteur, il tape avec ses mains sur n’importe quelle surface plane, pour marquer le rythme et enregistre les arrangements qui lui plaisent à la radio. Mais pour autant, il ne veut pas devenir un mélomane averti. « Je souhaite conserver ce côté brutal de la musique. » A cette image, Siegfried veut rester naturel et entretenir des relations sincères avec son entourage. Il suffit de le rencontrer pour s’en convaincre.