Sans éclat, mais essentielle

Mis dans l'embarras par un premier quart d'heure totalement atone, le PB a passé la vitesse supérieure pour réduire au silence un ALM Evreux cyclothymique et sans saveur au combat. Poitiers retrouve au bon moment la lumière à domicile.

Nicolas Boursier

Le7.info

Nous étions restés sur les ahans de la reconquête à Saint-Quentin, accrochés à l'espoir de vivre l'heure de la confirmation, ce soir, face au sixième de la classe. Confirmation il y a eu, mais nul n'osera prétendre qu'il s'est régalé, dans l'ambiance attiédie de Saint-Eloi.
Le moins que l'on pourra retenir de ce PB-Evreux atypique, c'est que l'entame des recalés de Pro A fut plus que poussive, avec des prises de shoots tendancieuses de Guillard à trois points et un rebond offensif inexistant. Walker puis Traoré derrière la ligne, eux, réglaient autrement mieux la mire, pour propulser les leurs vers une avance déjà confortable (7-19).
Assoupis, à l'image de Saint-Eloi, Ingram et les siens peinaient à desserrer l'étreinte et s'empêtraient dans la toile tissée par Ashaolu et les siens. Fall,  appelé au relais de Guillard, y perdait son latin, au point de prendre trois fautes en deux minutes. Du pain bénit pour l'ALM. Traoré maintenait la cadence, Souchu l'indigence et le visiteur du soir enfonçait le clou (10-24). Une riposte de Greer sur Pamba à longue distance entretenait certes la flamme de la révolte à la sirène (15-27), mais Dieu que l'affaire s'enclenchait mal.

Greer sonne la révolte
Les rouages allaient-ils se dégripper avec la deuxième acte ? Réponse immédiate de Greer, le meilleur joueur de la partie (avec Harley), pour un 22-29 plus conforme aux prétentions poitevines. Auteur d'un 0 sur 3 jusque-là, Guillard se mettait à son tour au diapason à 7m et le PB recollait aux basques de son adversaire (27-31).
Le public pouvait enfin sortir de sa torpeur et le match, le vrai, débuter. Celui de Thinon prenait un éclat subit, à la lumière d'un missile impeccable. Le shoot de l'égalité. La première (34-34).
C'est l'instant que choisissait Ruddy Nelhomme pour «  réduire son cinq », en confiant au seul Mike Joseph le soin de museler la raquette. Sans les doubles mètres d'Ekperigin (aucun point à la pause), Guillard et Fall, le gamin s'en sortait convenablement, mais laissait le soin à Greer, encore lui, de décrocher le premier avantage poitevin de la partie, à dix secondes de la pause (42-41). Chèrement payé pour des Ebroïciens longtemps intouchables, mais finalement fiévreux à l'emballage.
 
Harley appuie là où ça fait mal
A s'être brûlé les ailes à l'entame, le PB ne pouvait que réviser son attitude à l'amorce de la deuxième mi-temps. Ingram lui-même donnait le ton, en se jouant à deux reprises de l'ingambe Walker (47-41). La marge n'en demeurait pas moins ténue. Et même totalement nulle sur un panier d'Ashaolu (47-47). Il fallait toute l'adresse de Guillard par-delà la ligne pour stopper l'hémorragie (52-52).On en était sûrs, désormais : la gagne se jouerait à des détails. Ou, pourquoi pas, à la capacité d'un Harley à attaquer le cercle. Bingo pour le jeunot (59-52) !
A son tour englué dans une défense enfin resserrée, l'ALM payait également un lourd tribut à son anémie offensive (29% à trois points, 40 à deux). La paire Givens-Walker se retrouvait alors bien seule dans l'animation pour endiguer la vague blanche, créditée d'un 18-0 du meilleur tonneau (49-52, 67-52). Sans doute était-ce déjà trop pour des Ebroïciens à côté de leurs pompes, à l'instar du Nigérian Ashaolu, devenu totalement transparent.
Ne restait « plus » aux Poitevins qu'à combler le point-average négatif du match aller (-10). A 74-66, Greer laissait le temps s'écouler, jusqu'à la dernière banderille d'Ingram sur le gong (76-66). Mission remplie. Pas belle, mais remplie. Après tout, c'est la seule chose qui compte.

 

La fiche
Poitiers, salle de Saint-Eloi. 2026 tateurs. Arbitrage de MM. Lubianski et Tartare. Mi-temps : 42-41. Le score par quart-temps : 15-27, 27-14, 17-11, 17-14.

Pour le PB86 : Ingram (4), Greer (25), Souchu (8), Guillard (9), Ekperigin (2), puis Thinon (11), Harley (15), Fall (0), Joseph (2)  Entraîneur : Ruddy Nelhomme.

Pour Evreux : Walker (16),  Costentin (0), Bengabe (5), Givens (20), Ashaolu (10), puis Pamba (5), Drouault (0), Traore (6), Pinda (4), Entraîneur : Rémy Valin.




Ils ont dit
Ruddy Nelhomme, entraîneur du PB 86 :
« L'équilibre est encore fragile, mais la victoire est là. Elle n'est pas accomplie, mais elle est là. Si on m'avait dit avant cette rencontre que Jeff Greer, victime d'une contracture à la cuisse dimanche, et Arnauld Thinon feraient une telle prestation, je ne l'aurais pas cru. Grâce à eux, on a su reprendre le collier, après une entame très crispée et crispante. Notre équipe alterne encore le bon et le moins bon. J'espère vraiment qu'on va prendre la venue de Nantes avec le même sérieux, en changeant le scénario du début. Car on a un besoin urgent de verrouiller notre place dans les neuf. Pour les cinq, on verra plus tard s'il y a une opportunité. »

Rémy Valin, entraîneur d'Evreux :
« Ce qui s'est passé ce soir nous arrive, hélas, régulièrement à l'extérieur. La zone de Ruddy nous a chamboulés, mais l'attitude de mes joueurs est inadmissible. A l'image de cette prise de shoot offerte à Greer juste avant la mi-temps. On marche, on n'a pas d'envie, pas de plaisir. Sans tout cela, on ne peut prétendre gagner un match à Poitiers. »

Jeff Greer, ailier du PB 86 :
« De par mon expérience, j'ai un devoir d'exemplarité vis-à-vis du groupe. Ce soir, je me suis efforcé de montrer la voie et ça m'a réussi. Mais je regrette qu'on ait été obligés de se faire autant violence pour revenir au score. Notre équipe a besoin de confiance pour bien jouer. Cette confiance-là, ce soir, il a fallu aller la chercher au plus profond de nous-mêmes. Pour le PB, les play-offs ont déjà débuté. Le résultat me va donc bien.»

Arnauld Thinon, meneur du PB 86 : « Problèmes de placement, manque d'agressivité... Je ne sais pas vraiment ce qui s'est passé en début de match. Courir après quatorze ou quinze points de retard, contre un concurrent direct aux play-offs, ça fait tache. Heureusement, Jeff a concrétisé les occasions que l'on a eues et Kévin a été le détonateur de nos ambitions, en allant le premier chercher le cercle. Grâce à eux, je n'ai pas eu à trop courir sur les extérieurs. J'ai pu me concentrer sur mes tâches offensives et ai donc économisé mon physique. Ma blessure ? On verra demain. »

Photo Seb Meunier

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