Un même roi, un nouvel échiquier

Le bel optimisme affiché par Alain Claeys au soir du premier tour s’est confirmé dans le scrutin du second. Mais l’apparente sérénité du maire traduit mal la difficulté de sa réélection et l’écueil d’une opposition désormais densifiée.

Nicolas Boursier

Le7.info

Il avait dit vouloir asseoir sa réélection et ainsi donner plus de poids à sa majorité municipale. Comme on pouvait s’y attendre au regard de son avance du 23 mars (11 points), Alain Claeys a renouvelé son bail à la mairie de Poitiers. Mais nul, même pas lui, n’aura l’outrecuidance d’affirmer que le chemin menant à la chaire suprême fut un long fleuve tranquille.
Bien loin du triomphe de 2008, où son avènement n’avait fait aucun pli, le député a sans doute payé, lui aussi, les claudications de sa propre famille socialiste à l’échelle de la Nation. « Je m’attends à perdre quelques points là-dessus », avait-il confié, en toute honnêteté, début janvier.
Avec 41,09% des suffrages exprimés, le sortant évite toutefois le piège fatal à tant et tant de ses pairs. Limoges (à gauche depuis 1912), Tours, mais aussi Angoulême et Niort, sont passées à l’ennemi. Poitiers, elle, tient. C’est là la seule (mais essentielle) grande victoire d’Alain Claeys. Car pour le reste, force est de constater que l’étau se resserre.

Deux sièges pour le FN


L’abstentionnisme, pointé à 47,05% (avec les 1,53% de votes blancs ou nuls), a imprégné les débats d’une impression de déjà-vu. L’entre-deux tours n’a pas été mobilisateur. En cela, ni Claeys ni ses adversaires n’ont réussi dans leur mission de séduction. Les uns et les autres devront, à l’avenir, se montrer aussi sincères dans les mots que courageux dans les actes, pour espérer reconquérir le cœur des près de 22  000 Poitevins absents, ce week-end, des isoloirs.
Autre échec -reconnu par eux- du PS et des supposés «  grands partis  », le maintien, autour de 10%, du candidat du Front National. Lequel FN va dépêcher, pour la première fois dans l’histoire de la capitale régionale, deux émissaires au conseil. Là encore, le vent de dynamisme insufflé par le mouvement de Marine Le Pen doit interpeller. Comme doivent interroger les 17,62% trustés, à l’école Tony-Lainé des Trois-Cités, par Alain Verdin, ou les 15,71% et 14,99% cumulés à Charles-Perrault et Alphonse-Daudet.

Fraysse change de camp

Avec neuf sièges, la liste UMP-UDI-Indépendants de Jacqueline Daigre obtient un quota honorable pour une battue. On ne peut toutefois s’empêcher de penser qu’une fusion déclarée, ferme et définitive, avec Eric Duboc, aurait pu (dû) apporter au compteur de l’ancienne UDF deux ou trois points supplémentaires.
L’autre liste d’union, celle menée par la tenace Christiane Fraysse, n’a, elle, pas réussi à jouer les trouble-fête jusqu’au bout, son score du second tour (15,05%) ne dépassant pas celui du premier (15,29%). Il n’empêche  : Fraysse et trois de ses colistiers intègrent le giron municipal. Et cette fois-ci en qualité d’opposants. Avec l’immixtion du FN et la présence de deux femmes de poigne face à lui, Alain Claeys sait désormais qu’il n’aura pas la partie facile pour imposer ses idées. «  Nous serons sur sa route à chaque fois qu’il déviera  », lâchent en chœur les deux têtes de liste de « Des idées pour décider » et « Osons Poitiers », finalement très proches dans leur acharnement à ne pas baisser pavillon devant l’hégémonie historique du PS en terres poitevines.  « La mairie de Grenoble est passée aux mains d’Europe Ecologie-LesVerts-Parti de Gauche, après que EELV a été dans la majorité socialiste, puis dans l’opposition. C’est peut-être un bon signe pour moi », prévient encore Christiane Fraysse. Chaude ambiance en prévision.
Alain Claeys doit s’y préparer. Après la bataille des urnes, le vrai combat va peut-être commencer.

 

Les résultats à Poitiers

Abstention  : 45,52%. Blancs et nuls  : 1,53%. Exprimés  : 52,95 (25  016 sur 47  243 inscrits).
Alain Claeys (PS)  : 41,09%. Meilleurs scores  : Micromégas Saint-Eloi 1 et 2 (53,06% et 51,65%) Alphonse-Bouloux 36 (50,95%)
Jacqueline Daigre (UMP-UDI-Ind.)  : 34,19%. Meilleurs scores  : Hôtel de Ville 29, 30 et 31 (54,48%, 50,96% et 50,76%)
Christiane Fraysse (EELV-FG-NPA-Ensemble)  : 15,08%. Meilleurs scores  : Jardin des Plantes 17 et 16 (27,34% et 26,48%), Coligny (22,95%)
Alain Verdin (FN-RBM)  : 9,67%. Meilleurs scores  : Tony-Lainé 24 (17,62%), Charles-Perrault 10 (15,71%), Alphonse-Daudet 39 (14,99%)

 

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