« Le centre-ville ne peut <br>pas être une enclave »

Successeur de Claude Lafond à la tête de la désormais ex-FAE, Philippe De Bony entend renforcer le poids participatif et décisionnel de « Poitiers le Centre » dans la sphère politique locale. Pour restaurer l’image et le pouvoir d’attractivité du centre-ville, le nouveau président des commerçants est prêt à tous les combats. Revue de détails…

Nicolas Boursier

Le7.info

La présidence
« Il ne s’agit pas d’une élection politique, mais cela fait toujours plaisir d’avoir la confiance de ses pairs. Le bureau autour de moi a la chance de conserver de « grands anciens », comme Suzanne Ségeron ou Eric Paquet, dont les réseaux et la connaissance du terrain me seront essentiels. Ce bureau se rajeunit, aussi, ce qui prouve que la relève a envie de s’investir. Cette alliance de l’expérience et de la nouveauté devrait être un gage de réussite. »

La fédération des commerçants
« A ce jour, Poitiers le Centre représente 225 commerçants et professions libérales, sur les 650 recensés sur le plateau. J’ai pour ambition de porter ce chiffrer à 300 dans les trois ans. C’est le seuil à partir duquel notre poids politique, consultatif et, plus encore, décisionnel, sera renforcé, notamment auprès de la Mairie. J’ai missionné chaque adhérent pour qu’il convainque, tous les mois, au moins un confrère qui ne l’est pas encore. »

L’attractivité des enseignes
« Claude Lafond avait raison de dire que certains confrères ne jouaient pas assez le jeu de l’attractivité. Restaurer l’image du centre et attirer un nouveau public, c’est avant tout donner envie aux gens d’entrer dans son magasin. Un important travail doit être fait sur les vitrines et l’accueil, c’est une évidence. Pourquoi ne pas instaurer une charte qualité, ce serait une première étape. »

L’offre commerçante
« Notre nouveau slogan est « Poitiers le Centre : savourer, flâner, respirer ». Il faut y ajouter « essayer et acheter ». Mon plus grand souhait est de combattre l’idée reçue selon laquelle le plateau serait réservé à une élite de bobos. Le centre appartient à tous les Poitevins. Or, je ne suis pas certain qu’on les fera venir ou revenir, en mettant en avant une enseigne ou un produit. Le but suprême, c’est qu’ils se déplacent pour butiner à l’envi, avec des magasins exclusifs, qui suscitent l’impulsion et l’étude comparative. Cette diversité est en marche, elle sera intensifiée quand le Printemps sera réaménagé. »

L’offre commerciale
« Tout le monde le dit : il est très difficile de s’installer à Poitiers. Personnellement, je ne suis pas hostile à ce qu’un état des lieux des loyers soit effectué. Il est impératif de travailler main dans la main avec la Mairie, la CCI, mais aussi les propriétaires bailleurs, pour qu’un vrai équilibre incitatif soit trouvé, sans léser qui que ce soit. »

La concurrence de la périphérie
« Je suis ouvert à tout, car je pense être un homme de dialogue. Quand des espaces commerciaux sont avalisés au sud ou au nord de Poitiers, je dis d’accord. Mais je ferai entendre ma voix pour que le centre ne soit pas oublié. Car ce centre-là ne peut pas être une enclave. Pour cela, il faut tout mettre en œuvre pour faciliter la reprise ou l’installation. C’est dans cette optique que j’ai l’intention de créer une sorte d’office du commerce, à l’image d’un guichet unique via lequel les porteurs de projet pourront obtenir toutes les informations et contacts nécessaires à la réalisation de leurs desseins. »

L’image du centre
« Il manque, selon moi, une vraie identité à Poitiers. La richesse architecturale de la ville est un « produit d’appel », mais il n’existe aucun équivalent d’un Printemps de Bourges, de Francofolies de La Rochelle ou de festival de BD d‘Angoulême. Cette identité festive, culturelle et populaire manque cruellement. Attirer du monde de toute la France, sur une période donnée, favorisera l’attractivité de l’hypercentre et, par ricochet, l’activité de ses commerçants. Cet événement-là, il faut le penser. Et vite ! »

Le bien-être
« J’ai la volonté de consolider les actions collaboratives avec la Mairie et la CCI, pour que tous les petits problèmes du quotidien s’aplanissent. La délinquance ? Selon la police, la criminalité de Poitiers est digne d’une ville de 30 000 habitants. Nous ne rencontrons donc pas beaucoup de difficultés. La surveillance vidéo ? « Pourquoi pas ? Si on ‘a rien à cacher, on doit pouvoir accepter d’être filmé. Mais il ne faut pas que cette surveillance rejoigne l’inquisition. Les marginaux ? Il a là un vrai problème, surtout quand lesdits marginaux font peur aux gens. Moi-même, j’ai dû changer les horaires d’une mes employés pour lui éviter d’être harcelée. Où va-t-on ? Nous pouvons vivre en harmonie, mais à condition que chacun respecte les droits de l’autre et se plie à ses propres devoirs. »
 

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