Sur une bonne note

En dominant Roanne aux Arènes, le PB86 termine l’exercice 2012-2013 sur une impression positive, mais se nourrit également de regrets éternels par rapport au scénario de la saison.

Arnault Varanne

Le7.info

Voilà, c’est fini. Poitiers a achevé sa dernière saison de Pro A à la dernière place du classement, avec deux victoires finales au Mans et face à Roanne, ce qui porte son total à dix. Soit trois de plus que Pau, relégué à l’issue du dernier exercice et qui a fêté, hier soir, dans la chaleur de son Palais des sports, sa remontée dans l’élite. C’est évidemment tout le mal que le peuple poitevin souhaite à son équipe, acclamée à l’issue d’une dernière sortie aux Arènes (enfin) couronnée de succès. Après tout, le PB, privé de Guillard et Dobbins, aurait pu « balancer » ce match sans enjeu. A quoi bon souffler sur les braises encore fumantes de ce premier échec sportif dans l’histoire ascensionnelle du club, si ce n'est attiser d'éternels regrets ? 

Seulement voilà, pendant que Boulazac et Nancy se livraient, à distance, un duel de la mort pour ne pas descendre (*), Poitiers a joué le jeu jusqu’au bout, animé par une farouche envie de réussir sa sortie et soucieux de préserver l’équité entre les candidats au Top 4. Il a fallu près d’une mi-temps aux 3 900 âmes réunies au parc des expos pour comprendre que cette équipe-là mettrait tout son cœur, toute son énergie à défendre son territoire. La première en fait !

Les jeunes à la rescousse

Comme contre Cholet, les troupes de Nelhomme démarrent piano, en laissant des tirs ouverts à Gradit derrière l’arc (5-14, 6e), tout en déjouant à l’autre bout du parquet. L’air de rien, les rotations conjuguées d‘Harley -titulaire à l’arrière-, Dallo et Fall apportent une vraie bouffée d’oxygène. Après un dunk rageur, l’immense pivot poitevin se permet même d’enfoncer le roc Ryan Reid à la reprise des « hostilités » du deuxième acte. Un vent de fraîcheur exploité de main de maître par Lamine Kante et Antonio en post-up (10pts à la pause). Quand le vétéran US est à la manœuvre, difficile de l’arrêter. Hélas, l’embellie dure peu de temps dans ce deuxième quart.

Poitiers offre beaucoup de rebonds offensifs (7), Bouedo drive parfaitement James et c’est toute la Chorale qui hausse le ton en infligeant un 13-3 à son hôte (de 19-21 à 21-34, 17e). Heureusement, Grant encore lui et Dallo sans complexe veillent au grain et permettent aux leurs d’opérer un dernier rush salvateur avant la pause (30-36, 20e). L’espoir d’un dixième succès demeure, d’autant que c’est au tour de Dominc James d’entrer en piste. Face à l’insolente réussite de Gray et Howard (36-44, 23e), l’ancien meneur de Reggio Emilia enfile une nouvelle fois les habits du sauveur. Il plante treize points, provoque la quatrième faute d’Howard, et permet au PB de virer en tête pour la première fois du match (51-50, 30e). Il n’en faut pas plus pour déclencher une véritable hystérie collective aux Arènes.

Grant décisif


A la reprise, Harley ne fait rien pour que l’euphorie retombe grâce à un triplé difficile sur l’aile (56-52, 31e). A la Chorale, Collins (15pts, 10pts, 23 d’évaluation) tient la baraque à lui seul sur ses larges épaules. D’autant que Pavicevic ordonne à ses hommes une zone 3-2 que Kante et compagnie ont du mal à attaquer. Heureusement, Badiane met les points qu’il faut dans la peinture et maintient le PB à flot (60-60, 36e). Un nouveau missile longue distance de Gradit dans le corner laisse un temps penser que Poitiers va craquer sous les coups de boutoir roannais (60-63). Une thèse accréditée par les balles perdues signées Kante et Harley. Mais à douze secondes du buzzer, en fin de possession, Grant déclenche le tir primé décisif, qui offre un point d’avance à la lanterne rouge (66-65). Sur l’action suivante, Amagou (9pts, 9pds) rate le tir de la gagne, gêné par une défense de fer de Kevin Harley. Boris Dallo (10pts, 6rbds, 11 d’évaluation) n’a plus qu’à finir le job sur la ligne des lancers. Les Arènes exultent, comme si le PB venait de se qualifier pour les play-offs ! La suite est plus mesurée, tout en retenue et en simplicité. A l'image d'Alain Baudier, qui remercie encore et encore "l'un des meilleurs publics de France". Et le président du PB de lui promettre dans la foulée "une belle équipe pour remonter en Pro A". Plus que jamais, Poitiers aura besoin de tous ses soutiens à l'étage inférieur. Voilà, c’est fini…

(*) Malgré son succès au Havre, Boulazac accompagnera le PB86 en Pro B. Nancy a assuré son maintien en dominant Le Mans à domicile.

Photo Seb Jawo

La fiche
A Poitiers, salle des Arènes, Poitiers-Roanne : 68-65. Mi-temps : 30-36. Evolution du score : 14-19, 30-36, 53-50, 68-65. Arbitrage de MM. Amrani, Bardera et Gueu.  3900 spectateurs.

POITIERS
Harley (4), Badiane (8), Dallo (10), Kante (11), James (13), Nivins (4), Fall (5), Grant (13). Entraîneur : Ruddy Nelhomme.

ROANNE
Reid (4), Kecman (3), Collins (15), Amagou (9), Bouedo (8), Howard (7), Gradit (14), Gray (5). Entraîneur : Luka Pavicevic.
 

Kante : « J’aimerais rester en Pro A »

Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : « Il y a de la frustration sur cette saison qui, pour moi, est un peu irrationnelle dans ce qu’on a pu vivre dans les matchs serrés. Alors qu’on n’a plus rien à jouer, on gagne au Mans et face à Roanne. C’est très difficile pour les joueurs, l’entraîneur. Encore plus pour moi, car je suis responsable du projet sportif et que je m’inclus dans cette descente. Je me sens très responsable de l’avenir du club.  On aurait dû trouver cette énergie et cette lucidité beaucoup plus tôt, notamment sur les matchs de la phase retour. C’est dommage. Il y a plein de reproches à se faire. On en a fait, j’en ai fait. Je vais prendre un peu de recul pour analyser tout cela et ne pas dire des choses à chaud. Le public a toujours été présent, c’est un super public qu’on a voulu saluer par une victoire aux Arènes. On a tout fait pour. L’avenir du club passe par les Arènes. On ne crée pas un gros club dans une petite salle. Comprendra qui veut. Si le club veut évoluer, il faut que ce soit une porte de sortie importante. Mon avenir ? Je prendrai le temps de la réflexion. Je sais seulement que j’ai coaché mon dernier match de la saison à Poitiers ce soir. Pour le reste, je ne sais pas… »

Pape Badiane (intérieur du PB86) : « On n’a pas mal de regrets sur cette saison, même si on est contents d’avoir fini de façon honorable. On vient de battre deux équipes qui vont faire les play-offs et ça reste une satisfaction malgré la descente. On n’avait encore jamais gagné aux Arènes, c’est bien de le faire une fois. Mon avenir ? Je suis encore sous contrat, c’est une possibilité que je sois dans l’équipe l’année prochaine. Il faut que je discute avec les dirigeants. J’ai une clause de départ jusqu’au 30 juin, mais je veux savoir ce qu’eux ont envie de faire. On verra… En attendant, je vais me faire opérer du poignet le 14 mai. »

Boris Dallo (arrière du PB86) :
« Ce soir, je me suis senti à l’aise, j’étais préparé. Dans l’année, je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu, donc je me suis tenu prêt. Ça n’a pas été facile pour moi cette saison. Toute l’équipe a été un peu dans le dur et ça n’a pas été très bénéfique pour moi. J’aurais voulu aider davantage le groupe, que le PB reste en Pro A. Le futur ? Pour l’instant, je vais en discuter avec ma famille et voir avec les dirigeants. Je me donne jusqu’à fin mai-début juin pour prendre une décision. »

Lamine Kante (ailier du PB86) :
« C’est dommage qu’on ait attendu la fin du championnat pour gagner nos matchs. Comme quoi, avec moins de pression, on pouvait gagner face à n’importe qui. On termine sur une victoire, tant mieux, mais la descente est toujours là. Aujourd’hui, j’ai 26 ans, j’ai envie d’avancer. Je crois que j’ai montré des choses cette année et j’aimerais, si possible, rester en Pro A. »

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