C’est l’effet Cahuzac…

Dans la Vienne, la bombe à fragmentation Jérôme Cahuzac frappe le Parti socialiste de plein fouet et profite aux extrêmes. Le Front de gauche et le FN se frottent les mains, tandis que le PS constate les dégâts.

Arnault Varanne

Le7.info

La semaine dernière, Jean-François Macaire s’est fendu d’un communiqué lourd de sens. Face au choc de la « révélation des fraudes fiscales de l’ex-ministre du Budget », le patron du PS de la Vienne a tenté de désamorcer la « bombe Cahuzac », sur le thème de la « véritable priorité du gouvernement, le redressement de la France et la lutte contre le chômage ».
Qu’on ne s’y trompe pas, les errements de l’ex-homme fort de Bercy provoquent des remous parmi les militants socialistes. Officiellement, ils ne seraient que quelques-uns à avoir quitté le navire à Poitiers. Officieusement…
Quels que soient les vrais chiffres, un constat s’impose. « L’affaire Cahuzac n’est bonne pour aucun parti politique. Les gens vont finir par se désintéresser de la politique en pensant que les élus sont tous pourris », estime René Pinturault, secrétaire départemental du Parti de gauche et porte-parole du Front de gauche. N’empêche, les sept cents et quelques militants revendiqués par le mouvement -« auxquels il faut ajouter les non-encartés »- de Mélenchon devraient sans aucun doute se sentir moins seuls dans les semaines à venir. « Nous sommes désormais une alternative crédible. Il faut toutefois remarquer que le nombre d’adhésions avait commencé à augmenter avant cette affaire… », précise René Pinturault, balayant l’idée d’un basculement des militants PS vers le Front de gauche.

« On n’est pas des menteurs »
À l’autre extrémité de l’échiquier politique, le Front national se frotte les mains sans fausse pudeur. « On n’a rien à faire, les socialistes font le boulot pour nous !, jubile Eric Audebert, leader du FN dans la Vienne. L’artisan boulanger estime que les retombées en termes de nombre d’adhérents devraient se faire sentir « dans les dix ou quinze jours à venir ». « Le temps que Paris nous communique les chiffres… » Manque de chance, le Front National botte en touche dès qu’il s’agit de communiquer sur ses forces en présence. « On n’est pas des menteurs comme le PS ou l’UMP… Disons qu’on est plusieurs centaines. Ça vous va ? »
Au-delà du « grave dysfonctionnement» Cahuzac (Macaire) et des récupérations politiques, se pose une autre question : tous les élus doivent-ils dévoiler leur patrimoine sur la place publique ? « La réponse n’est pas à la hauteur du problème », juge le Front de gauche. Qui demande d’urgence « l’avènement d’une VIe République ». Quant aux Frontistes, ils réclament carrément que les élus « fournissent leur feuille d’impôts ». Des solutions radicales auxquelles de plus en plus de citoyens souscrivent. C’est l’effet Cahuzac…
 

L’UMP et le « strip-tease du patrimoine »

Olivier Chartier a lui aussi fait entendre sa petite musique sur l’affaire Cahuzac, « une faillite morale » selon le tout nouveau secrétaire national de l’UMP et président de la fédération de la Vienne. Le dévoilement du patrimoine des élus trouve encore moins grâce à ses yeux. Pour lui, ce « strip-tease » est une manière de « manoeuvrer pour mieux cacher l’essentiel ».

À lire aussi ...