Cette fois-ci, c’est fini !

Le match de la peur a accouché d’une partie hachée et hésitante, au terme de laquelle le Sluc Nancy a fini par réduire à néant les derniers espoirs de maintien du PB 86. Les Poitevins joueront en Pro B la saison prochaine.

Nicolas Boursier

Le7.info

Ni prostration ni pleurs. Seule l’immense déception d’avoir faire chavirer l’histoire du côté sombre. La vingtième défaite de la saison du PB 86 aura donc été celle de trop. Dans des Arènes une nouvelle fois surchauffées, Nelhomme et les siens ont dit adieu à cette Pro A qu’ils chérissaient depuis maintenant quatre ans. En perdant comme ils perdirent si souvent ces derniers mois -sur le fil- une partie qu’ils avaient les moyens de faire leur.
La redite est cruelle, le symbole si fort. Aussi puissant que cette image d’Anthony Dobbins vociférant sa colère contre les arbitres, au coup de sirène d’un final dantesque. Il reste deux secondes au compteur, l’arrière poitevin pénètre dans la raquette et s’affale au sol, victime, semble-t-il, d’un croche-pied de Sommerville. Faute ? «Je pense qu’elle y est, mais c’est au référé de se prononcer», lâche après coup l’homme au long bouc. Le « référé » ne bronche pas. Poitiers est au fond du trou. Nancy, malgré quatre lancers francs galvaudés dans le money-time, a fait le nécessaire. Il mène 65-63. De prolongation il n’y aura pas.
Oui, la redite est cruelle. Mais au moins le PB peut-il se satisfaire ne pas avoir abandonné cette rencontre, comme il s’y est résigné trop souvent depuis septembre. On lui a même trouvé un sacré cran lorsque, mené de dix longueurs avant le virage du quart-temps inaugural (3-13), il refit surface au diapason de sa chorale de supporters. Balles perdues, largesses en défense et indigence totale aux tirs extérieurs (0 sur 6), les locaux étaient alors hors du coup. Dans leur malheur, ils pouvaient quand même se reposer sur leur classe biberon, Fall claquant dans le cercle une tentative d’Harley. 13-19 aux premiers citrons : un moindre mal. Qui sait, un détonateur aussi !
Sous l’impulsion de son tentaculaire pivot, auteur de deux contres et trois rebonds autoritaires, la lanterne rouge prenait enfin des couleurs au retour sur le parquet.  Smith entendait le message et ramenait les siens à hauteur (20-21). Un deuxième match commençait alors.
D’un coup d’un seul, la défense locale se resserrait sur Marquis et les siens, mais l’efficacité de l’autre côté du terrain s’avérait toujours aussi aléatoire. Poitiers venait certes de recoller, mais calait à la relance. 24-28 à la pause, bonjour l’adresse !

Insoutenable final

A ce niveau-là, les caméras de Sport + devaient tourner bourrique. Et les abonnés de la chaîne se convaincre d’aller voir ailleurs. Ils avaient peut-être tort. Pour la deuxième fois de la rencontre, le PB s’offrait l’avantage, sur un contre de Dobbins (32-30). Les Poitevins, qui avaient pris pour habitude de plier à l’emballage, étaient-ils capables de passer la surmultipliée sous la banderole de la survie ? On l’espérait quand ce même Dobbins plantait l’un des rares « trois points » de la partie, à la barbe d’un Shuler dépité (39-37). Ou encore quand James l’imitait, seul au monde derrière la ligne (42-40).

Les débats étaient définitivement imprégnés de soufre. La peur bridait le talent, mais le PB avait le mérite d’avoir foi en son étoile. Juste avant la pause, Grant avait porté à trois longueurs l’avance des siens. Le plus dur, sans doute, était à venir. Les Arènes le savaient qui se soulevaient comme un seul homme, pour pousser Kanté vers cet obus impeccable (46-43). Las, sous le cercle, la chanson n’avait guère changé. La poubelle aux déchets était pleine.
Tant pis pour le spectacle. La tension, elle, était à son comble. Le hic, c’est que le Sluc semblait mieux s’en accommoder. Sa défense faisait mouche sur Dobbins, Touré concluait. 52-57, 3’42 à jouer. Atmosphère irrespirable. Les paniers faciles ratés étaient toujours aussi nombreux. Mais le vieux Grant veillait. A deux, puis trois points, le joker médical du milieu de saison endossait la redingote de révolutionnaire. 59-61. Plus qu’une minute quinze à souffrir. A rêver ? Fichu rêve ! Dobbins s’engouffrait dans la raquette. Glissade. Faute ? Nul ne le saura jamais. Poitiers est en Pro B.

 

La fiche
Poitiers (Arènes). 4100 spectateurs.
Arbitrage de MM. Mateus, Antiphon et Milliot.
Mi-temps : 24-28. Score par quart-temps : 13-19, 11-9, 19-10, 20-25
POITIERS : James (11), Dobbins (11), Smith (10), Badiane (7), Nivins (7), puis Kanté (5), Grant (10), Harley (0), Fall (2). Entraîneur : Ruddy Nelhomme.

NANCY : Diabate (15), Sommerville (18), Shuler (7), Touré (14), Marquis (4), puis Grant (5), Linehan (0), Merriex (0), Brown (2). Entraîneur : Jean-Luc Monschau.


Ils ont dit

Ruddy Nelhomme, entraîneur du PB 86 : « La seule chose que je puis dire ce soir, c’est que je suis énormément déçu, pour ce club, ce public, les dirigeants et les bénévoles. J’ai participé à la construction du projet du PB jusqu’au sommet de l’élite. Aujourd’hui, mon club est relégué. Les joueurs et moi-même nous en remettrons, mais mes pensées vont aux autres, à tous les autres. Nous n’avons pas été assez présents sur le terrain cette saison, nous payons ce manque d’efficacité. Je veux désormais battre Roanne, pour finir sur une bonne image devant ces formidables supporters. »

Jean-Luc Monschau, entraîneur du Sluc Nancy : « D’abord, permettez-moi de dire toute l’admiration que j’ai pour le travail effectué ici à Poitiers et pour ce public, qui mérite vraiment une équipe en Pro A.  Bien entendu, cette victoire nous fait, à nous, un bien fou. Mais à quoi s’est-elle jouée ? A un cheveu. Poitiers nous a fait très mal, notamment au rebond, en nous infligeant sept contres. C’est énorme. Il fallait un vainqueur, savourons le fait que le sort nous ait choisis. »

Pape Badiane, intérieur du PB 86 : « Ce fut une saison éprouvante, nourrie de beaucoup de regrets. On a souvent perdu sur des détails, mais ce soir, on ne peut pas dire que nous ayons donné le match à Nancy. Diabaté nous fait très mal à trois points en fin de rencontre, nous on loupe deux ou trois paniers faciles sous le cercle. Ca se joue à si peu… Maintenant, il y a deux matches à honorer. Il sera au-delà temps de parler de la saison prochaine. Personnellement, j’ai encore un an de contrat. A mon âge, l’aventure en Pro B ne me déplairait pas. »

Anthony Dobbins, arrière du PB 86 : « Je pense qu’il y a faute sur la dernière action, mais c’est au référé de se prononcer. C’est rageant, car nous avions encore les cartes en mains pour nous imposer aujourd’hui. Le tournant, ce fut le premier quart. Notre deuxième 5, avec un grand Fall, nous a permis de rester dans le coup. Après, on fait preuve de beaucoup de combativité en défense. Mais quand ça ne veut pas passer… C’est vraiment difficile d’encaisser autant de défaites d’un ou deux points. C’est important, désormais, de rendre hommage à notre merveilleux public et de tout faire pour ne pas finir derniers. »
 

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