Le social en mode séduction

Ces quinze dernières années, les deux tiers du parc social poitevin ont été réhabilités ou reconstruits. Si une majorité de locataires se dit satisfaite des services proposés, les bailleurs, eux, aimeraient séduire un public élargi.

Romain Mudrak

Le7.info

Chaque ville a ses particularismes. Poitiers tient à cultiver les siens. Alors que le nombre de logements sociaux est notoirement insuffisant à l’échelle nationale, la « Ville aux cent clochers » affiche sa fierté de disposer d’une offre excédentaire. « Nous avons de quoi séduire un public très large », confie Jean-François Macaire.
Qu’entend-on par « public très large » ? « C’est justement tout le sens de la campagne de communication que nous menons actuellement », insiste le président de Logiparc (7700 logements gérés sur le département) et Sipéa (3600). Cette campagne n’a d’autre ambition que de susciter l’intérêt et de convaincre les Poitevins qui se penseraient exclus du parc social de la possibilité d’y accéder. « Aujourd’hui, on estime que 75% des Français peuvent prétendre à un logement HLM, mais trop peu le savent », renchérit Christian Collas, directeur d’Habitat 86 (12000 logements dans la Vienne).
Si l’image du secteur s’est globalement bonifiée au seuil des années 2000, les classes dites moyennes peinent encore à se laisser tenter. « Avoir une offre supérieure à la demande présente un gros inconvénient, précisent de concert les deux confrères. C’est que les candidats hésitants ont matière à comparer avec les produits du privé et sont de fait très exigeants. Souvent trop. Car dans bien des cas, nous n’avons justement pas à souffrir de la comparaison. »
Quand le directeur d’Habitat 86 évoque la nécessité de « mixité sociale », le président de Logiparc et Sipéa emploie plus volontiers le terme de « diversité ». Au bout du compte, enjeu et motivations sont identiques : faire du logement social un creuset d’enrichissement collectif, dans lequel cohabiteraient et s’entremêleraient les différences ethniques et générationnelles, mais aussi sociales et économiques. « Il n’y a qu’en favorisant cette diversité qu’on luttera contre la ghettoïsation présente dans certaines grandes villes, comme Paris », assène Jean-François Macaire.
Dans la ligne de mire des bailleurs sociaux, l’idée rejoint l’obsession. Démontrer que les « HLM » possèdent des atouts (de qualité environnementale, d’espace, de services de proximité et d’accompagnement quotidien…) suffisants pour courtiser et faire changer d’opinion les familles situées à la limite des ressources autorisées.
L’éveil des consciences ? Voilà sans doute le plus grand chantier de réhabilitation qu’il leur ait jamais été donné de mener.
 

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