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Face au coût du chantier et aux embouteillages redoutés sur la RD910, la Technopole du Futuroscope pourrait bien être écartée de la ligne principale du Bus à haut niveau de service (BHNS). Un autre projet de « RER poitevin » est envisagé.
Peut-on financer les aménagements de voirie nécessaires au passage du Bus à haut niveau de service sur la RD910 (ex-RN10) ? Est-il raisonnable de contenir, sur une seule voie, les 35 000 véhicules qui empruntent chaque jour la portion Poitiers-Futuroscope ? Depuis quelques semaines, ces questions se font de plus en plus pressantes.
Le premier bilan de concertation préalable du 31 octobre 2011 mentionnait déjà ce problème. Il a été rappelé à la mi-mars, lors des Assises de la mobilité, organisées par le Conseil de développement de Poitiers. Concrètement, seule la ligne A est en cause. Une fois le viaduc des Rocs inauguré (novembre 2013), le BHNS devra logiquement remonter la rue de la Roche, puis l’avenue de Nantes pour rejoindre la RD910 par la rocade Ouest. Tout au long de son parcours, ce bus circulera dans un couloir réservé, interdit aux voitures. Et devrait desservir le Futuroscope en un temps record (38 minutes depuis Mignaloux). Le conditionnel est de rigueur car, une fois arrivé au « tripode », les trois nouveaux rond-points de Poitiers-Nord, il sera confronté à une circulation très dense. Difficile d’imaginer que les automobilistes acceptent qu’une voie reste inutilisée pendant qu’ils galèrent dans les embouteillages.
Boulevard urbain
Le maire de Chasseneuil-du-Poitou réclame des certitudes à ce sujet. Il a beau être favorable aux transports en commun, il ne voudrait pas que les usagers poitevins soient empêchés de se rendre sur la zone commerciale des Portes du Futur. Claude Eidelstein a officiellement demandé au Conseil général de reprendre l’étude visant à transformer la RD910 en « boulevard urbain ». Il vient aussi d’écrire au président de Grand Poitiers, Alain Claeys, qui a la compétence « Transports ». Dans l’esprit de l’élu chasseneuillais, des aménagements de voirie permettraient aux véhicules de circuler et aux piétons de traverser la quatre voies en sécurité. Sous-entendu, le BHNS désavantagerait Chasseneuil... Du côté de la Ville de Poitiers, la priorité est de finaliser les 3,5km de parcours intra-muros d’ici 2018. « On n’en est pas encore là », résume Jean-Jacques Guérin. L’adjoint au maire en charge des Transports précise qu’une « nouvelle étude de faisabilité sera indispensable avant d’envisager une liaison vers le Futuroscope ». Pour l’heure, les lignes 1, 8 et 11 bénéficieront d’un système de priorité aux feux à partir du 20 novembre. Mais pas de couloir réservé.
Le montant de l’investissement est estimé à 300M€ (infrastructures et bus). Dans le contexte actuel, toutes les économies seraient bonnes à prendre. Alors tant pis pour le développement durable ? Pas tout à fait. Prévue pour 2017, l’ouverture de la LGV Sud Europe Atlantique, en parallèle de la ligne actuelle, laisse entrevoir de nouveaux projets pour cette dernière. La commission chargée de l’élaboration du Schéma de cohérence territoriale (Scot) planche sérieusement sur une liaison TER à haute fréquence entre Poitiers et Châtellerault. Cette opportunité est aussi l’une des « fiche-action » du Schéma régional de mobilité durable piloté par la Région. Ce « RER poitevin » desservirait toutes les gares entre les deux chefs-lieux, dont la station du Futuroscope. Et après ? Des navettes régulières permettraient aux 10 000 salariés et étudiants de la Technopole de rallier les téléports. On évoque même un petit tramway.
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