Un pied et demi en Pro B

Le PB86 a fortement hypothéqué ses chances de maintien en Pro A, après une énième défaite aux Arènes, face à Cholet. Un match à l’image de sa saison, faite de quelques hauts et de beaucoup de bas.

Arnault Varanne

Le7.info

Cette fois, il faut se rendre à l’évidence. Sauf véritable « miracle » (Badiane) dans la quinzaine à venir, le PB86 évoluera en Pro B la saison prochaine. Sa dix-neuvième défaite de l’année ne condamne pas mathématiquement Poitiers à la relégation. Après tout, la double réception de Nancy et Roanne, conjuguée au court déplacement en terres mancelles, pourrait encore sauver les troupes de Nelhomme d’un accident industriel. Mais pourquoi se voiler la face ? Pourquoi penser que ce qu’ils traînent comme un boulet depuis des mois -attaque stérile, défense trop permissive- disparaîtra d’un coup d’un seul aux premières lueurs de l’automne ? D’autant qu’ils n’ont plus leur destin en main…

Non, la lanterne rouge mérite son sort. Hélas. Face à Cholet, le PB a une nouvelle offert à ses fans un récital en « si » mineur. Capable de couler à pic en première mi-temps, avec dix-neuf unités de retard au plus fort de la tempête (23-42, 19e). Incapable, à dire vrai, de stopper le quatuor Bryant-Goree-Slaughter-Coleman (35pts). Et puis, comme par miracle, James (18pts au total) et ses coéquipiers se sont offert des chances de l’emporter (si, si…), enfin concernés par la défense (47-54, 30e). « CB » aura même mis plus de quatre minutes à ouvrir son compteur dans le troisième quart.

Pas de hold-up

Disons-le tout net, jusqu’à la 36e minute, et la sortie pour cinq fautes de Gobert ainsi que quelques mauvais choix offensifs de Goree ou Slaughter, les Arènes ont eu du mal à s’enflammer. Et puis, il y a eu ces triplés de Kanté et James (de 60-66 à 66-67e, 37e), synonymes d’espoirs retrouvés. Mais comme (trop) souvent cette saison, le PB a vendangé, coupable de laisser des tirs ouverts à Bryant puis Jomby (68-75e). Voilà, le PB y a cru l’espace de trois minutes. Trop peu pour réaliser le hold-up de la soirée. Comme le reflet d’une saison manquée.

Dans cette grisaille, Tony Dobbins a émergé (6pts, 9rbds, 5 d’évaluation), James et Nivins ont alimenté la marque (37pts). Quant à Smith et Grant, ils sont passés au travers, peu convaincants en poste bas pour suppléer Guillard, cloué sur le banc à cause d’une sciatique tenace. Bref, rien de neuf sous le soleil. Le moral des troupes est touché, c’est une évidence. L’heure des comptes n’a pas encore sonné, même si la « finale » du maintien contre Nancy ressemblera davantage à un baroud d’honneur qu’au match de l’année. Esprit, es-tu là ?

La fiche
A Poitiers, salle des Arènes, PB86-Cholet Basket : 70-77. Mi-temps : 32-44. Evolution du score : 14-26, 32-44, 47-54, 70-77. Score par quart-temps : 14-26, 18-18, 15-10, 23-23. Arbitrage de MM. Mortz, Gueu et Canet.

POITIERS. Badiane (5), Kanté (9), James (18), Nivins (19), Dobbins (6), Smith (2), Fall (2), Grant (9). Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
CHOLET. Jomby (9), Slaughter (13), Gobert (4), Ona Embo (2), Goree (9), Bryant (16), Souchu (6), Coleman (18). Entraîneur : Jean-Manuel Sousa.

Badiane : "Ce n'est plus de notre ressort..."

Ruddy Nelhomme (entraineur de Poitiers) : « On fait une bonne deuxième mi-temps, on aurait dû commencer le match comme ça. On a eu un trou à partir de la cinquième minute. On a été permissifs un peu partout. La deuxième mi-temps a été plus cohérente, mais il était tard. Cholet a déroulé son basket, a été cohérent, a eu des shoots. Ils ont trouvé un ou deux tirs, comme ceux de Bryant ou de Slaughter. C’est dommage, car on aurait pu aller le chercher. Un match, c’est quarante minutes. Mathématiquement, tant que ce n’est pas fini, on va se battre. Il faut gagner Nancy lundi, reprendre le goal-average et puis attendre de voir ce qui se passera. On va jouer le peu de chance qui nous reste à 200%. »

Pape Badiane (pivot du PB86) : « La défaite de trop ? Ce n’est pas la pire, mais ça sent le sapin. En même temps, on ne peut pas avoir de regrets sur ce match. On s’est battus en deuxième mi-temps, mais le premier quart temps n’était pas celui qu’on devait faire. L’égoïsme intérieur fait qu’on pense que l’attaque va nous faire gagner. Et quand ça ne rentre pas, on baisse la tête. Quand on est revenus, Dominic a fait une défense de fou, les autres aussi… On croit que l’attaque, c’est notre truc. Ça a été le problème toute la saison, on en paye les pots cassés. La défense, c’est inné. Certains l’ont, d’autres pas. (…) Maintenant, il faudra un miracle, mais ce n’est plus de notre ressort. Le PB86 est une petite équipe qui a fait beaucoup de changements. Quand il y a beaucoup de changements dans une petite équipe, si le casting n’est pas bon dès le départ, c’est difficile... On savait que ce serait compliqué de remplacer des joueurs tels que Kenny ou Rasheed. C’est difficile pour le coach de recruter, avec un petit budget, des joueurs qui ne sont pas connus dans notre championnat. »

Tony Dobbins (arrière du PB86) : « Notre prestation a été décevante. L’objectif était de continuer à bien jouer comme lors des derniers matchs, mais nous n’y sommes pas arrivés. Au-delà de perdre aux Arènes, ce qui me déçoit c’est cette première mi-temps. On part de trop loin quand on revient. Je ne sais pas expliquer pourquoi nous ne défendons pas. C’est pourtant quelque chose de simple. »

Moustapha Fall (pivot du PB86) :
« Quand on débute le match comme ça, c’est difficile de revenir avec la fatigue. On manque de lucidité à la fin. Je ne sais pas expliquer pourquoi on est entrés comme ça dans le match. Le coach m’a dit de rentrer pour être agressif. J’ai essayé d’apporter ce que je pouvais. »

Jean-Manuel Sousa (entraîneur de Cholet) : « On a eu la capacité et la lucidité de ne pas laisser Poitiers passer devant, en défendant et en prenant quelques rebonds. Sinon, ça aurait pu changer le cours du match. L’essentiel, c’était de gagner. Pour les play-offs, on sait que ça va être difficile, puisque nous n’avons pas le goal-average sur Paris. Mais on doit jouer tous les matchs à fond pour ne pas avoir de regrets. On est en course. »

Photo Sébastien Meunier

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