Co-voiturage : Klaxit freiné dans son élan

La rédaction consacre cette saison une série aux circuits courts, qui peuvent parfois se transformer en courts-circuits. Alimentation, mobilité, consommation... Les initiatives de proximité se révèlent parfois couronnées de succès mais pas toujours. Deuxième volet consacré à l’expérimentation autour du co-voiturage par la startup Klaxit et Grand Poitiers. Un bilan mitigé.

Steve Henot

Le7.info

Une nouvelle fois, les animations en présentiel chez les employeurs et une autre campagne de promotion viennent de tomber à l’eau. Pour Klaxit, leader français du co-voiturage domicile-travail, le reconfinement de novembre est un nouveau coup dur. Au printemps déjà, ses « trajets ont chuté à hauteur de 90 % », confie David di Nardo, directeur du développement.


A l’échelle de Grand Poitiers, où la startup a été missionnée il y a un an et demi pour mobiliser des communautés de co-voitureurs, l’effet Covid est réel. Après avoir connu un bond significatif entre novembre 2019 (606) et février 2020 (2 200), les inscriptions sur la plateforme ont stagné et pointent à 2 487 utilisateurs fin octobre. « Frustrant car nous étions sur une croissance exponentielle. » Même constat avec le total de co-voitureurs actifs, qui est seulement passé de 
290 en février à 305 aujourd’hui. « Soit à peine 20% de notre masse critique, analyse David di Nardo. Il aurait fallu 40 à 45 % de co-voitureurs pour que ce soit satisfaisant. »


Trop tôt pour un bilan

En tout état de cause, l’offre « a moins bien pris » à Poitiers qu’ailleurs. Peut-être parce qu’elle ne se concentrait que sur les zones du CHU et du Futuroscope. « On est sur des changements de comportement, ça prend du temps. » Par ailleurs, l’arrivée d’une nouvelle gouvernance au sein de la communauté urbaine a freiné les plans de Klaxit. « On n’a pas relancé la machine car de nouveaux élus sont arrivés et ils avaient besoin de temps pour s’en emparer. Mais on aurait pu. Il n’y a pas eu d’animation en septembre et je le regrette », concède David di Nardo. 


Le directeur du développement assure pourtant regarder le « verre à moitié à plein » ainsi que les signaux positifs de cette année d’expérimentation sur Grand Poitiers. Parmi eux, des pics à 1 000 trajets par mois, juste avant le confinement. La majorité des utilisateurs n’ont par ailleurs pas rencontré de difficultés à trouver des co-voiturages. Pour 75% d’entre eux sans détour, gage de « trajets qualitatifs ». Le nombre de passagers exclusifs (1 167) est aussi un bon indice selon Klaxit. « Cela montre que ces gens ne sont pas tant attachés à leur voiture, contrairement à ce que l’on peut parfois entendre. »


Si l’expérimentation est aujourd’hui arrivée à son terme, la plateforme reste à la disposition des usagers de Grand Poitiers. Selon la communauté urbaine, qui a mis 25 000€ sur la table dans le but de subventionner les trajets de moins de 40km, il est encore trop tôt pour émettre un bilan. Elle devrait se prononcer courant janvier. David di Nardo, lui, retient une « bonne moyenne au regard du contexte et du temps divisé par deux », confinement oblige. Il entend « capitaliser » sur les acquis et se dit même « confiant » pour continuer à développer Klaxit sur le territoire. « Il reste chez les techniciens une volonté de prendre position en 2021 en faveur du co-voiturage. Cette expérimentation a montré qu’en allant sur le terrain, des gens passent à l’acte. »

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