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En France, 10% de la population souffre de troubles des conduites alimentaires, parfois mortels. Tandis que l’on réfléchit enfin, au niveau ministériel, à structurer l’offre de soins, l’association Solidarité Anorexie boulimie 86 vient de voir le jour.
L’association comptait déjà une vingtaine d’antennes en France, pas encore dans la Vienne. Solidarité anorexie boulimie 86 a été créée fin 2019 mais, freinées par la crise sanitaire, les premières actions ont été programmées en octobre : une première réunion le 24 et une permanence téléphonique, tous les samedis après-midi. « Nous ne sommes pas des soignants, nous ne prétendons pas donner un conseil médical sur la maladie, explique Emma Duprez, l’une des instigatrices de ce projet. Nous voulons juste créer des espaces de communication pour les personnes malades et leurs proches. Que les personnes nous appellent comme elles pourraient appeler un ami dans la vie de tous les jours, qui les écouterait sans jugement, avec bienveillance. »
Les troubles des conduites alimentaires (TCA) affectent environ 10% de la population française, l’anorexie 1% des adolescentes. « Globalement, l’adolescence est le moment d’émergence de l’anorexie. Elle apparaît dans une période de vulnérabilité mentale, quand le terrain s’y prête. La boulimie vient un peu plus tard et l’hyperphagie après », constate le Pr Ludovic Gicquel, chef du Pôle universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au centre hospitalier Laborit, à Poitiers.
Le spécialiste, responsable du réseau TCA Poitou-Charentes, ne parle pas de facteurs génétiques mais plutôt de « terrains anxieux, qui ont une composante génétique et prédisposent à développer ce trouble. L’anorexie est une problématique plurifactorielle, elle est la mauvaise réponse à un vrai problème. Elle doit être envisagée dans une logique de trajectoire et de développement ». En réponse, la prise en charge est graduelle, elle allie solutions nutritionnelle, psychologique, corporelle, médicamenteuse, familiale...
« Ce n’est pas la faute des parents »
Au sein de l’association Solidarité anorexie boulimie 86, « ouverte à tous », insiste Emma, la plupart des membres ont été touchés de près ou de loin par un TCA. La jeune femme de 19 ans a elle-même souffert de l’anorexie dans sa chair. « J’ai vu mes parents se sentir mal, confie-t-elle. Nous voulons transmettre un message d’espoir, apaiser le sentiment d’impuissance, parfois de culpabilité, des proches. Leur dire que parfois juste leur présence suffit. » Le Pr Gicquel confirme : « Ce n’est pas la faute des parents. Mais ils ont leur part dans le processus de soins. » Groupes de paroles, thérapies familiales, dialogue... Toutes les initiatives sont valables, parfois vitales.
« Environ 30% des cas ont une évolution défavorable. C’est l’une des pathologies psychiatriques les plus mortelles, assène le Pr Gicquel. Une adolescente de 17 ans a douze fois plus de risque de mourir si elle est anorexique. Or, les malades ne suscitent souvent pas de compassion car on a l’illusion de croire qu’elles sont responsables de ce qui leur arrive, alors qu’elles sont dans une forme d’aveuglement. » En guérit-on ? « Est-ce que l’on guérit de soi-même ? interroge le Pr Gicquel. Est-ce que les pensées disparaissent ? Probablement pas. »
Anorexie boulimie 86. Première réunion, à l’Udaf Poitiers, samedi, de 10h à 13h. Retrouvez les autres dates sur solidarite-anorexie.fr. Permanence téléphonique le samedi de 15h à 18h au 06 72 36 20 98 (si non joignable, 06 68 63 31 40).
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