Hier
L’amante, la fille, la mère, Mater Stabat est le roman d’une femme plurielle comme toutes les femmes. Et le premier roman de la Poitevine Véronique Rey-Godard.
Son mari a aimé, son aînée avait imaginé s’y retrouver davantage, son cadet adolescent s’est fendu d’un « j’y suis obligé?» et sonbenjamin a lu le début « mais il faut un dico »... Véronique Rey-Godard sourit. Ses enfants n’étaient pas nés lorsqu’elle a voulu écrire pour la première fois. Puis plusieurs années ont été nécessaires pour que son projet d‘écriture prenne enfin forme, plusieurs formes. La Poitevine d’adoption, originaire de Cannes, a écrit les premières lignes de Mater Stabat quelque part au Mali, en 2008. « J’ai vécu en Afrique de l’Ouest pendant une quinzaine d’années en discontinu, précise l’ancienne professeure de lettres classiques. J’ai beaucoup aimé enseigner mais j’avais envie de passer à autre chose. »
Un métier, des enfants et des voyages l’ont longtemps contrainte à considérer son travail d’écriture « comme un ouvrage de dames », que l’on prend, que l’on délaisse un temps, que l’on poursuit. Véronique Rey l’a brodé au fil du temps. Depuis dix ans, elle a posé ses valises à Poitiers et pris le temps de mettre un point final à son premier roman, « en 2013 ou 2014 ». Elle a ensuite découvert le temps long de l’édition. Elle ne l’imaginait pas, ses précédents récits étaient restés dans des tiroirs. « J’avais déjà écrit des nouvelles auparavant, cela correspondait davantage au format de ma vie à l’époque. Une pièce de théâtre aussi, autour de la catastrophe de Fukushima, le scénario d’un western qui se passe en Afrique, car les paysages du Sahel m’habitent... J’ai des sources d’inspiration très diverses. La mort, les crottes de chiens sur les trottoirs parisiens... » Véronique Rey-Godard a exploré tous les genres de la fiction, elle a même « commencé la traduction du roman d’un ami ». « C’est aussi une forme d’écriture de passer de l’italien au français », commente-t-elle.
Monologues intérieurs
Manquait à la liste un roman. Elle l’a envisagé comme « une forme de narration, un monologue intérieur ». Un triple monologue pour être exact : celui d’une femme tour à tour mater furiosa et mater dolorosa, et celui, beaucoup plus court, de son jeune fils, « pour avoir un regard extérieur ».
« Dans la littérature, dans les mémoires, ce sont toujours des hommes qui parlent. Même lorsque c’est une femme qui écrit, comme Wolf. Mémoires fictifs de Jim Harrison ou Les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar... J’avais envie de donner la parole à une femme dans ses sensations, sa sensualité au sens large. Montrer qu’une femme peut être à la fois rationnelle et sensuelle. Et sensible. Je ne voulais pas d’un portrait monolithique mais plus façon kaléidoscope. » Véronique Rey s’est ainsi amusée à « varier les écritures, mettre en avant les différences d’expression. Un peu comme un exercice de style à la Queneau, note-t-elle. Ecrire, c’est une matière. »
Un deuxième récit, « sans doute un roman, plutôt dans l’espionnage », est en cours d’écriture. Il a bénéficié du temps ralenti et de la mobilité restreinte du confinement.
Mater Stabat, 195p., Geste Editions. A noter que Véronique Rey-Godard sera au Festival du livre de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) les 2, 3 et 4 octobre.
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