Travail temporaire : « Nous sommes 
la variable d’ajustement »

Particulièrement sensible à la conjoncture économique, le travail temporaire marque le pas depuis la fin de l’année dernière. Entretien avec Karine Templeraud, vice-présidente de Prism’emploi Nouvelle-Aquitaine, l’organisation professionnelle patronale de la branche.

Claire Brugier

Le7.info

Comment se porte le travail temporaire en Nouvelle-Aquitaine ?
« Notre activité est très liée à l’activité économique. Quand elle faiblit , pour les entreprises nous sommes la variable d’ajustement, donc les premiers touchés. On observe une baisse par rapport à l’an dernier, baisse qui s’est très accentuée sur les deux derniers mois de 2023, en particulier dans le BTP. Parallèlement, le secteur industriel tient, notamment sur la Vienne. Les autres secteurs sont plutôt en baisse. »


Quelle est la répartition dans la Vienne ?
« Le travail temporaire se retrouve pour 42% dans l’industrie, 17,8% dans le BTP, 7,7% dans le commerce, 8,2% dans les transports et 24,2% dans les services. Par catégorie, on retrouve 8,7% de cadres, 10,5% d’employés, 44% d’ouvriers qualifiés et 36,8% d’ouvriers non qualifiés. »


Avec un âge de départ à la retraite repoussé, les seniors trouvent-ils leur place dans le monde du travail temporaire ?

« Il y a ceux qui sont à la retraite et viennent vers nous pour travailler un peu ; ils ne veulent pas forcément de temps plein. Et puis il y a les seniors qui ont été licenciés ou ont arrêté de travailler et qui recherchent une activité pour finir leur carrière. En tant qu’agence d’emploi, nous les proposons, à compétences égales. Je n’ai pas de statistiques mais les entreprises y sont de plus en plus ouvertes. »


Le CDI n’attirant plus autant, on pourrait imaginer que cela bénéficie au travail temporaire…

« Des personnes qui ne veulent pas de CDI, cela a toujours existé. Mais depuis la crise Covid, c’est le rapport à l’emploi qui a changé. C’est l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle qui prime. En entretien, la première question est souvent : est-ce qu’il y a possibilité de télétravailler et combien y a-t-il de jours de RTT. »


Comment fait-on face à cette nouvelle approche ?

« On change de regard. D’ailleurs les employeurs se sont vite adaptés, ne serait-ce que par obligation dans une période où l’offre était plus importante que la demande. Aujourd’hui, le rapport de force tend à s’inverser à nouveau. En tant qu’agence d’emploi, cela nous amène à travailler différemment. Notre profession a beaucoup évolué. »


Qu’est-ce qui a changé ?

« Comme tous les acteurs de l’emploi, nous sommes attachés à notre rôle sociétal. Cependant notre métier n’est pas bien connu, ou peu connu. Nous regrettons qu’une image de précarité soit encore associée à l’intérim, alors que notre mission consiste à construire des parcours avec les personnes, par le biais de formations notamment. En 2014, le CDI intérimaire a constitué une vraie avancée car autant certaines personnes ne veulent pas de CDI, autant pour d’autres il constitue une vraie reconnaissance. En partenariat avec France Travail, nous nous sommes engagés dans l’opération Du Stade à l’Emploi, nous organisons aussi beaucoup de jobs dating, chose que nous ne faisions pas avant. Nous avons même testé des formules sans CV, et sans connaître les entreprises aussi. C’est riche d’enseignements pour le tout le monde. Je pense que c’est aussi à notre profession de faire changer les codes, à nous, professionnels du recrutement, d’amener les entreprises à travailler différemment. »

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