Repenser l’école supérieure

Le Regard de la semaine est signé Axel Brevière.

Le7.info

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Cela fait maintenant quatre mois que j’étudie en Norvège dans le cadre d’une mobilité à l’étranger d’un semestre. Dans ce pays, j’ai pu faire l’expérience d’un tout autre système d’école supérieure et le comparer au nôtre. En France d’abord, ma licence de lettres sciences-politiques à l’université de Poitiers propose trente à trente-cinq heures de cours par semaine avec environ quinze cours chaque semestre. À l’université d’Oslo, je n’ai pu choisir que trois cours et deux séminaires pour neuf heures au total chaque semaine. Pourtant, les deux semestres sont censés apporter les mêmes connaissances…

Alors, ne travaille-t-on pas en Norvège ? En réalité si, mais bien différemment. Là où les cours de ma licence à Poitiers ne donnent que très peu de devoirs à la maison, ici tous fournissent une liste de livres et articles pour préparer le prochain. Bien souvent, il est beaucoup plus difficile de comprendre le cours qui suit si on ne lit pas les documents demandés auparavant. Au final, j’ai dû lire et annoter des livres de 400 et 800 pages, ainsi que plus de soixante articles universitaires. Tout cela prend donc du temps, à l’instar des quinze cours de ma licence à Poitiers. Cependant, à Oslo, je suis libre de répartir ce temps comme je le souhaite. Si j’ai envie de skier le mardi matin et de travailler l’après-midi, c’est possible. Cela peut aussi avoir un aspect négatif puisque les lectures peuvent être facilement négligées comparées à des cours, souvent obligatoires.

J’ai aussi beaucoup apprécié que les professeurs enregistrent l’intégralité de leur cours et le publient en ligne. Cela nous permet de rattraper facilement en cas d’absence ou de réécouter certaines parties pour mieux comprendre leur propos. Aussi, ils utilisent souvent des applications de questions-réponses pour dynamiser leur cours et favoriser les échanges avec les étudiants. Entre la France et la Norvège, le simple temps passé en classe diffère. À Poitiers, certains cours durent deux heures sans pause. A l’université d’Oslo, tous suivent le même principe : 45 minutes de cours, 15 minutes de pause puis 45 minutes de cours. Je trouve que ce format est adapté au peu de temps passé à la faculté chaque semaine et permet de pleinement se concentrer. En Norvège finalement, on oublie la dissertation. Les essais que nous rendons prennent la forme d’articles académiques avec des sources scientifiques à chacun de nos propos. Les évaluations sur table sont des questions de connaissances et d’analyse.

Cette comparaison ne décrit que la Norvège et je suis sûr que bien d’autres pays regorgent d’idées ou de modes de fonctionnement intéressants. J’espère qu’un jour nous lèverons les yeux pour regarder nos voisins et que nous apprendrons d’eux pour être fiers de notre éducation. 

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