Assemblée nationale : et maintenant ?

Après la motion de censure adoptée la semaine dernière contre le gouvernement Barnier, les quatre députés de la Vienne se retrouvent en première ligne pour esquisser une sortie de crise. Pas simple.

Arnault Varanne

Le7.info

Vendredi dernier, place de Bretagne à Poitiers. Des pneus, de la paille et du fumier ont obstrué pendant quelques heures la permanence parlementaire de la députée écologiste Lisa Belluco. Les membres des Jeunes agriculteurs et de la FNSEA n’ont pas digéré son vote de censure du gouvernement Barnier (331 voix 
pour), synonyme de budget 2025 avorté et donc d’annulation de mesures en leur faveur. « Je les ai reçus pour leur expliquer mon choix, remarque Lisa Belluco, à l’unisson de ses collègues du Nouveau Front populaire. Ce budget de la Sécurité sociale était l'un des plus austéritaires des dernières années. Oui, il y a un problème de dette, mais on peut la traiter avec davantage de recettes. » Pour elle, l’heure est désormais à la nomination d’un gouvernement de gauche qui applique « une feuille de route autour de onze mesures ».

« C’était la chronique d’une dissolution annoncée, observe pour sa part Sacha Houlié, tout ne dépendait depuis le départ que du Rassemblement national, le péché originel du gouvernement Barnier. » Très critique à l’endroit du « bloc central », le député non inscrit de la 2e circonscription de la Vienne n’a cependant pas voté la censure « parce que voter avec le RN n’est pas mon mantra ». Comment sortir de la crise provoquée par la dissolution ? L’ancien président de la commission des lois de l’Assemblée nationale appelle à « ne plus accabler les uns ou les autres » mais à « aller chercher des majorités alternatives. Il y a trois messages adressés par les électeurs lors des législatives : ils veulent de meilleurs revenus et de la justice fiscale, des services publics qui marchent et de la sécurité. Au passage, le texte sur les narcotrafiquants rassemble une majorité de députés... »

« On doit être capable 
de s’entendre »

Qui pour incarner la suite ? L’hypothèse François Bayrou a pris de l’épaisseur en fin de semaine dernière, ce qui ne serait pas pour déplaire aux deux parlementaires MoDem de la Vienne. « Ce serait risqué pour lui et pour nous, mais d’un autre côté, il faut prendre ses responsabilités quand on est dans la vie politique », 
commente Nicolas Turquois. Le député de la 4e circonscription, sous le feu des projecteurs fin novembre après des menaces physiques à l’endroit du député LFI Antoine Léaument, reconnaît que le spectacle offert au Palais Bourbon est « désastreux ».

Dans ce contexte, « le seul moyen de sortir par le haut de la situation est de constituer un arc républicain, du PS à LR », assure Pascal Lecamp, député de la 
3e circonscription, « élu avec les voix de la France insoumise » 
en juillet et qui a « très bien travaillé avec le député socialiste Dominique Potier sur la loi d’orientation agricole ». Façon de dire que les clivages ne sont pas indépassables. « Sur la fin de vie, les déserts médicaux, les lois de programmation militaire, de la justice, on doit être capable de s’entendre. »

À lire aussi ...