Expériences en apesanteur pour les élèves ingénieurs

Cinq étudiants de l’Isae-Ensma travaillent depuis plusieurs mois sur un projet de voile aérodynamique de désorbitation pour nano-satellites. Début octobre, deux d’entre eux ont pu tester leur équipement en apesanteur, au cours d’une série de vols paraboliques menés au départ de Bordeaux-Mérignac.

Nicolas Boursier

Le7.info

Née de l’initiative d’une startup créée au sein-même de l’Isae-Ensma il y a quelques années, Icare a connu un second souffle au sein de l’école d’ingénieurs poitevine, grâce à la détermination de cinq de ses étudiants passionnés : Camille Vinoy-Izeda, Pierre Foulquier, Marc Bacconnier, Kévin Colangelo et Martin Desnos. Ne comptant ni leur temps (extrascolaire), ni leur énergie, ces derniers ont repris à leur compte et développé en quelques mois ce projet inédit de voile aérodynamique de désorbitation, avec pour seule ambition d’apporter leur écot à l’œuvre de dépollution de l’espace appelée de leurs vœux par les industriels de ce monde. Leur cible ? Des nanosatellites en fin de vie, CubeSats de 3 fois 10cm3, que leur voile se chargera de faire redescendre aussi vite que possible sur Terre. « L’objectif est de six mois au lieu de dix à quarante ans actuellement », prévient Martin Desnos. 


Lui-même et son compère Kévin Colangelo ont eu l’occasion de tester la fiabilité de leur 
« progéniture » via un vol parabolique effectué, la deuxième semaine d’octobre, au départ de l’aéroport de Mérignac, à bord de l’A310 zéro-G de Novespace. 
« Cette chance nous a été offerte après la sélection de notre projet par le concours Paraboles du Cnes, explique Martin. Ce programme comprend six séries de cinq paraboles, qui donnent elles-mêmes lieu à des phases d’apesanteur d’une vingtaine de secondes chacune. C’est sur ces courtes périodes que nous avons expérimenté le déploiement de notre voile. »

Projet d’aujourd’hui, réalité de demain

De cette première en micro-gravité, l’étudiant en 
3e année a retenu les deux-trois mots échangés avec Thomas Pesquet, l’un des trois pilotes à avoir officié aux commandes de l’A310 zéro-G, plus encore la soudaineté de la transition entre l’effet de lourdeur ressenti pendant les phases préliminaires et le sentiment de légèreté, de flottaison même, éprouvé à l’amorce de la descente. « C’est comme si on vous arrachait du sol et que vous ne pesiez plus rien. A cet instant précis, on ne distingue plus le haut et le bas… »


Passé les premiers émois, Martin et Kévin ont observé, beaucoup observé et… finalement validé le comportement général des six prototypes de voile soumis à l’expérimentation. « Le 
système de pliage-dépliage a connu quelques petits ratés, il y a des ajustements mécaniques à opérer, mais dans la globalité, nous sommes satisfaits, tout s’est bien passé », se félicite Pierre Foulquier, l’un des trois porteurs de projet à ne pas avoir été tirés au sort pour les vols. 


D’ores et déjà, les cinq compères sont à pied d’œuvre pour rectifier ce qui doit l’être et mettre noir sur blanc le fruit de leurs recherches et de leurs constatations en vol. « Le but, prévient Martin, est qu’après notre sortie de l’Ensma, ce projet soit repris, peaufiné, enrichi par d’autres étudiants et qu’un jour la voile Icare prenne son envol. » Pourquoi pas lors de l’envoi de satellites prévu par le NAASC, Nouvelle-Aquitaine Academic Space Center. 2027 ? C’est déjà demain !

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