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Olivier Pouvreau vous ouvre à nouveau son carnet de nature.
Au Sénat, le 2 octobre 2024, Claude Malhuret déclare : « J’ai eu […] une sorte de cauchemar éveillé, monsieur le Premier ministre […]. À la place où vous êtes, […], c’était Lucie Castet. À ses côtés […] Aymeric Caron, ministre de l’Ecologie et des Insectes... » Sur RMC, le 17 juillet 2024, Emmanuel de Villiers lance, au sujet des inondations : « On ne peut plus creuser les fossés […] parce qu’il y a un batracien extraordinaire qu’il faut protéger, qui n’intéresse strictement personne. » Au XVIIIe siècle, Buffon couvrait « l’insectologue » Réaumur des mêmes sarcasmes. Pour lui, les « insectes » (qualification désignant aussi les araignées, crustacés...) étaient sans intérêt. Aujourd’hui encore, quand on écoute un Malhuret, la nature reste le lieu des séparations entre espèces « dignes » et « bestioles indignes ».
Par bonheur, il me semble à présent que la jeunesse est en train de balayer cette idéologie spéciste grâce à la publicisation de l’écologie scientifique sur les réseaux sociaux. Qu’entraîne ce progrès ? A considérer enfin la nature pour ce qu’elle est : un assemblage de pièces dépendantes les unes des autres. A comprendre qu’il existe des services écosystémiques rendus par des espèces de toutes tailles. Plus encore, cette vision de la nature regarde la biologie évolutive qui relie les êtres par des homologies et des analogies. Prendre conscience que la conformation des os de nos mains ressemble à celle des ailes des chauve-souris, que les yeux de la pieuvre sont similaires aux nôtres, que l’usage d’artefacts existe aussi chez les insectes ou qu’Homo sapiens est un primate parmi d’autres, c’est se savoir pris dans une chaîne historique et se faire humble -insignifiant- face à l’exubérance des formes de vie. L’insignifiance, justement, se pose alors différemment : elle ne réside pas dans le batracien ou l’insecte mais dans le discours même de ceux qui les méprisent. La nature n’est pas une opinion, et l’homme n’est pas une espèce supérieure. Les guerres, destructions, pollutions et autres perversités humaines à l’échelle de l’Histoire devraient nous en convaincre.
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